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Critique de leboncoinlecture


Cet ouvrage a pour objet principal le journal intime de Monique Guyot, rédigé entre janvier 1944 et mai 1945, vivant dans le Vercors, poche importante de Résistance.
Comme le titre l'indique, cette femme de 38 ans se range dans le camp honni après-guerre des pétainistes, un point de vue rare donc, -elle a elle-même nommé ses documents "le revers de la médaille" - ce qui fait son intérêt.
Ces écrits intimes sont introduits et contextualisés par Philippe Laborie, qui fait oeuvre d'historien, aidant ainsi par avance à prendre de la distance avec le texte de l'auteure. Il nous y aide également tout au long de la lecture par de très nombreuses notes.
En effet, au-delà d'un rappel des idées pétainistes exprimées par Monique Guyot (la Résistance, appelée "dissidence", considérée comme porteuse de désordre et provocatrice des Occupants, amenant les représailles contre les civils ; la crainte du communisme et d'une révolution communiste etc.), Philippe Laborie, régulièrement, confirme les propos de l'auteure, les complète, mais aussi rappelle des faits dont elle ne pouvait avoir connaissance, entraînant donc une opinion biaisée.
Les annexes jointes comportent des cartes de la région, des photographies, des lettres et un tapuscrit rédigée par Monique Guyot après la guerre, reprenant en partie ses carnets intimes, semblant vouloir en faire une fiction autobiographique.
Tous ces documents sont fort intéressants, et, au-delà du point de vue discordant qu'il est bon d'entendre, je trouve, pour ne pas s'illusionner sur des faits historiques, et qui apparemment n'était pas si rare, ils m'ont permis de me faire une idée vivante de certains pans de la vie quotidienne lors de cette période hors norme (intérêt d'autant plus grand sans doute pour moi qui vis dans les lieux évoqués) : le rationnement et l'approvisionnement, les déplacements et transports à l'échelle locale et régionale, les activités qui se poursuivent malgré les mitraillages alentours, les contacts plus ou moins possibles avec les prisonniers...
Par ailleurs, j'ai été impressionnée par cette femme que je qualifierais d'hyper-active et d'opiniâtre, comme semble-t-il beaucoup d'autres qu'elle évoque ici ou là au gré de ses aventures : elle n'a de cesse de traverser le Vercors le plus souvent à pied (25 kilomètres en montagne !!!) pour se rendre dans une ferme qu'elle possède, où elle croise donc tantôt les Résistants, tantôt les Occupants, avec toutes les méfiances et dangers que cela implique ; elle se démène pour avoir des nouvelles de son neveu arrêté et emprisonné, se déplaçant régulièrement dans le sud-est de la France pour cela, passant également des journées à arpenter Grenoble ou ses alentours, ballottée de bureau en bureau, ayant toutes les peines du monde à faire envoyer un colis etc. Elle tient tête à tout le monde, n'a peur de personne, en a autant après les Résistants qu'après les Occupants - elle n'est pas collaborationniste. Un personnage pour le moins haut en couleurs ! On comprend pourquoi elle a conservé ses cahiers et les a transmis elle-même aux archives (avec une clause de consultation à 20 ou 30 ans).
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