L'arrivée de sa mère dépressive chez elle plonge Giffy dans ses souvenirs.
Alors qu'elle n'a que onze ans, l'enfance s'est brusquement arrêtée avec le décès de Nana, son frère adoré, mort d'une overdose, entraînant leur mère dans un sévère dépression qui la cloue au lit.
« Je devins silencieuse et ma mère devint folle. »
Dépression et addiction, deux maladies traitées dans
Sublime Royaume avec délicatesse, par le prisme de leur impact sur l'entourage. Quand les tragédies déroutent, quand l'impuissance, la culpabilité, la honte face à la souffrance des siens s'entremêlent, comment retrouver du sens et du souffle ? La mère cherche les réponses dans la religion. La fille, qui adressait son journal intime à Dieu, s'en détourne pour les sciences : « J'avais troqué le pentecôtisme de mon enfance contre cette nouvelle religion, cette nouvelle quête. »
Dans
Sublime Royaume, une autre distance se creuse entre mère et fille, dans l'expérience identitaire cette fois, subtilement abordée par
Yaa Gyasi : comment parler avec sa mère, qui lui a transmis une culture ghanéenne loin du pays, de ce qu'est être une femme, noire, scientifique, aux États-Unis ?
«
Sublime royaume » évoque la place des femmes noires dans la société américaine, sur la recherche scientifique, le multiculturalisme. Sur la foi également, que ce soit en Dieu, en la science ou en soi pour tenter d'améliorer la vie des autres mais aussi la sienne en acceptant l'histoire familiale.
Une sublime lecture.