La dernière impression

Une écriture qui tient sur un fil comme on tient à sa vie. Une fulgurance poétique qui bouscule et fait virevolter notre âme de lecteur dans d'implacables émotions. Et ,surtout, une ardeur de raconter le bouleversement, le cri, les pleurs, l'acharnement, le mépris, le désespoir, le chagrin, la persévérance, le deuil ;et enfin, l'amour, comme pour saupoudrer le malheur par des étreintes qui veulent dire que tout ira, qu'il fera beau, que les cigognes seront toujours là demain. Que le ciel sera aussi bleu à rendre jaloux les tableaux de Cézanne et de van Gogh réunis. de "La dernière impression" de Malek Haddad, on n'en sort pas indemne. Une part de soi reste sur le front avec Saïd. Avec ses rêves en fureur volcanique; avec son pont qui a sauté comme l'ultime cri invoquant la liberté. Cette garce de liberté qui a fait périr tant d'Hommes. de vrais. Une part de soi veut se nicher dans la coquille d'un escargot pour ne plus entendre les coups de mitraillettes, du courage et de la mort. Une part de soi veut devenir fourmi, insecte détaché de tout malheur humain. Une part de soi veut ramasser la mandarine près du cadavre de Lucia, remonter le temps, lui dire que Saïd l'aime, autant qu'il aime son Algérie. Une part de soi s'allonge tout près du corps encore chaud de Saïd, fait passer son bras en dessous de sa nuque, pose sa main sur son coeur duquel coule le sang de sa vie, et lui murmure à l'oreille : tu as su "faire". Repose-toi maintenant mon brave lion.