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Critique de Lilylelfe


Après avoir dévoré « Sage comme une image », je me faisais une joie de me plonger, dès le lendemain, dans « Bi Live in Me ». L'auteure, Tan, m'avait fait part du fait que « Sage comme une image » était un préquel à ce second roman, mais je n'avais pas du tout compris que j'y retrouverais, en l'un des héros, Kristian Jorgensen, ce garçon charismatique dont la personnalité torturée et volontaire m'avait tellement séduite dans « Sage comme une image ». Et en fait, comme « Bi Live in Me » ne commence ni à Paris, ni avec Kri, mon petit coeur trop fragile n'en a que plus sauté de joie quand j'ai retrouvé ce dernier, après avoir fait la connaissance d'un personnage tout aussi captivant, Andréa de Royer.

Si ce livre évoque la suite des aventures de Kristian, les thèmes en sont foncièrement différents. D'abord, comme le suggère la couverture, l'un des thèmes principaux est la musique. La véritable passion d'Andréa, musicien accompli, artiste en décalage avec la société, comme beaucoup de ces artistes vibrants et entiers. La magie a opéré immédiatement, pour moi, avec ce jeune homme de vingt ans incapable de se fondre dans un moule sociétal qu'il ne comprend pas et fuit, mais tellement vibrant dans les choses qui le touchent. « Bi Live in Me », c'est une histoire poétique, qui possède sa propre musicalité, une histoire comme je les aime, qui lie romance et passion. Je remarque souvent que les arts, lorsqu'ils sont présents dans une histoire, apportent un véritable relief, une lumière fascinante, qui vous prend aux tripes, et là, pour moi, c'est réussi, la magie de la musique fait son effet. Chacune des descriptions musicale, les doigts de l'artiste explorant les touches du piano, ses lèvres, pinçant le bec du saxo, le lyrisme des accords et des notes s'envolant, la flamme pulsant dans l'énergie que met le musicien à créer, crier, se livrer, à travers la musique, et le lâcher-prise qui fait de ces moments de purs instants de confidences amoureuses, m'a fait vibrer avec Andréa, mais aussi avec les auditeurs de ses morceaux sincères et tellement porteurs d'émotion. Et les liens que Tan faits entre la caresse des doigts et des lèvres sur un instrument et l'agilité du musicien dans ses étreintes amoureuses m'a semblé à la fois judicieuse et très parlante.

C'est ce qui m'a le plus touchée dans ce roman, mais ce n'était pas la seule belle découverte que j'y ai faite. La relation, fraiche et vacillante, d'Andréa, hétéro convaincu, et Kristian, le gay en pleine perdition, a été, pour moi, un vrai moment d'émotion. Passer de l'inquiétude, l'incertitude, à l'espoir, à la peur, la joie… l'amour. Tan utilise des personnages si vibrants et si entiers qu'il me semble impossible de ne pas se laisser embarquer complètement dans leurs sentiments, doutes et passions !

En parlant de personnages, ce tome me confirme que j'adore définitivement Kristian ! C'est un jeune homme de 19 ans que nous retrouvons là, l'un des modèles les plus en vogue du moment, connu aussi bien pour sa beauté de demi-dieu et son charisme à part, qui fait des ravages aussi bien chez les femmes que chez les hommes, que pour son caractère fantasque et prononcé. Kristian est plus torturé que jamais, dans « Bi Live in Me ». C'est un personnage qui a souffert, énormément, a sombré, et ne s'est pas vraiment relevé. Acariâtre et difficile, la journée il donne du fil à retordre à ses patrons, attachés et photographes. La nuit, Kristian, connaissant un manque atrocement douloureux et qu'il ne parvient à combler, s'adonne à tous les débordements. Drogues, fuite dans une sexualité débridée et perverse auprès d'hommes dominants qui l'humilient et lui font se sentir, enfin, inexistant, au moins pour un instant, Kristian est un jeune homme blessé par la vie, dont les débordements sont devenus de véritables addictions, les seules capables de l'aider à continuer à avancer dans une vie qui lui donne la nausée. C'est dans cet état d'esprit qu'il rencontre Andréa, et le jeune musicien beau comme Adonis fait aussitôt chavirer son âme. Seulement, Andréa est un jeune homme tout à fait hétéro…

Andréa, lui, est une très belle découverte, pour moi. D'abord, j'ai souri en le découvrant, sachant qu'on en avait entendu parler dans « Sage comme une image », mais seulement comme le fils de l'amie de Joren, qui sortait avec une femme bien plus âgée que lui. Stella, la photographe qui a fait de Kristian l'un des top modèles les plus demandés. le monde est petit. A la première rencontre que l'on fait avec Andréa, c'est le coup de foudre. le jeune musicien, sur scène, est tellement touchant et vrai que j'ai vraiment accroché immédiatement avec ce personnage, et me suis réjouie de voir en lui l'un des deux héros de cette romance. Je me suis prise à rêver qu'il parvienne à faire renaître Kristian de ses cendres, à lui apporter enfin ces notes d'amour que ce dernier recherche désespérément, comme une fontaine de Jouvence qui lui semble à jamais inaccessible. Deux jeunes hommes foncièrement différents, et pourtant tous deux désillusionnés, tous deux incapables de s'attacher à quiconque, tous deux cherchant à s'accrocher à une étoile dont ils rêvent l'existence, sans pourtant y croire tout à fait. Lorsqu'il découvre Kristian, Andréa connaît le véritable coup de foudre, mais il n'est pas prêt, pas encore, à s'en apercevoir. C'est pourtant cette rencontre qui va changer sa vie entière en un véritable tsunami émotionnel, qu'il accepte tant bien que mal, et qu'il transforme peu à peu, pas à pas, en odes musicales dédiées à sa muse masculine. Un véritable artiste, comme je les aime, entier, agoraphobe, incapable de se plier aux conventions sociales du monde guindé et factice que fréquentent Kristian, Stella (l'amante, au début du récit, d'Andréa) et Gaëlle (la soeur d'Andréa, modèle elle aussi et meilleure amie de Kristian). Un homme vibrant, partagé (comment accepter ce qu'il ressent pour ce jeune homme qui a été projeté dans sa vie comme un boulet de canon, alors qu'il n'avait jamais, même, été attiré par un homme auparavant ?), qui n'a jamais vraiment aimé (du moins rien d'autre que la musique) mais que l'on pressent capable de livrer son âme entière et intègre à la personne que son coeur aurait choisi. Andréa, c'est l'amour salvateur, c'est l'ange blond qui pourrait être le seul capable de relever Kristian, le demi-dieu aux « yeux de l'enfer » et à l'âme perdue. C'est la pureté désillusionnée, se débattant dans un monde qu'il ne comprend pas, à la recherche de ce sentiment ineffable et intemporel, capable de vous broyer l'âme tout en vous illuminant de la plus belle manière qui soit.

« Bi Live in Me », c'est une magnifique histoire d'amour, qui s'achève sur des notes d'éternité… et d'immenses questionnements. Heureusement, l'histoire ne s'arrête pas sur ce tome, et il me tarde déjà de me plonger dans la suite, en espérant de tout coeur que nos deux héros parviennent à relever les défis auxquels ils doivent faire face et trouver, enfin, la paix et la sérénité, ensemble. Ils le méritent, tous les deux, on le leur souhaite, mais les épreuves à traverser, encore, ne sont pas moindres, la situation de Kristian est vraiment compliquée… les ombres continuent de rôder autour de la forteresse construite par ces deux amants éperdus, qui sans cesse se redécouvrent, avec cette fraicheur de la jeunesse et de la passion intacte et entière. le climat tendu et complexe qui entoure leur relation est un vrai plus, même si évidemment on souffre avec eux de leur incapacité, pour l'instant, de révéler au grand jour leur amour… Car le « grand jour », quand on est aussi connu et demandé que Kristian, c'est des flopées de flashs et d'articles croustillants dans tout ce que Paris a de magazines gossip… C'est aussi prendre le risque de foutre en l'air une jeune carrière à laquelle notre héros n'a pas vraiment prévu de renoncer.

Je trouve que dans cet opus, le style de l'auteure s'est affiné. Certes, j'ai encore parfois du mal avec certaines inversions, mais est-ce le côté musical qui crée une telle magie ? J'ai trouvé ses mots beaucoup plus poétiques et touchants que dans « Sage comme une image », et j'ai vraiment vibré, au cours de cette lecture. Je dois aussi saluer cet effet très réaliste, un peu cru (jamais vulgaire) qui ressort de cette écriture particulière mais attachante, et que j'ai pour ma part beaucoup apprécié. On est dans un monde dur, un monde de requins, un monde torturé et dangereux, et cela ressort très bien par les mots de l'auteure, par le contraste flagrant entre l'univers unique, un peu utopique, d'Andréa et celui, sombre, brutal, névrotique, dans lequel évolue Kristian. Pour moi ce contraste est très bien rendu dans ce roman ! Les scènes érotiques, elles, sont peu nombreuses mais torrides, décrites avec ce même style à la fois « cru » et travaillé, qui nous balance dans la réalité de l'acte tout en nous attachant à la douceur des sentiments et ressentis des personnages. Pour ma part, je n'aurais pas été contre en avoir plus, mais c'est très bien dosé, cela, je ne peux que le reconnaître !


Pour conclure, je dirais donc que ce roman, je l'ai dévoré, et qu'il m'a conquise ! Que je ne peux que vous le recommander, et vous enjoindre à découvrir l'univers bien travaillé de cette auteure de talent ! Et, bien sûr, je vais me jeter sur la suite, avec un immense plaisir ! :-)
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