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Critique de POY1


L'un de mes élèves avait eu l'occasion d'effectuer un stage à l'ambassade de France à Tripoli lors de ses études à Sciences Po. J'avais échangé avec lui pour avoir son regard sur la Libye « Kadhafienne » et cela avait aiguisé mon appétit, ne connaissant pas ce pays qui pourtant faisait parler de lui. Il faut dire qu'avec un chef aussi haut en couleurs qu'il était un danger pour le monde occidental, je me posais pas mal de questions. Alors en 2011, alors que débutait la révolte en Libye, j'avais coché cet essai qu'enfin j'ai lu dix ans plus tard.

Patrick Haimzadeh connait bien le pays et le monde arabe, son essai reste toujours d'actualité pour comprendre les évènements actuels même s'ils ne font plus les grands titres dans les journaux. Pourtant,…

La Libye est historiquement coupée en deux, entre la Tripolitaine romaine et la Cyrénaïque grecque. Depuis l'Antiquité, l'Ouest et l'Est se jalousent et s'envient. A cela s'ajoute l'importance des tribus. Loin du style bédouin que nous imposait le médiatique Mouamar, l'appartenance tribale joue un rôle important sur chaque libyen. C'est par la tribu que le réseau d'influence fonctionne, que les places s'acquièrent dans la fonction publique et que les bonnes affaires se font.

Si le pays vit de sa manne pétrolière, le double emploi est courant et tout est propice à affaires, de la vente des dattes et des dromadaires à l'organisation des réseaux de transit des clandestins vers l'Europe.
Kadhafi s'appuyant sur une idéologie originale, le socialisme islamique, ni capitaliste, ni communiste, ni théocratique, a laissé à son peuple la capacité de décider sur des questions non primordiales pendant que son clan profitait du système, utilisant les jeux d'influences tribaux.

Alors quand le guide s'effondra, c'était retirer le couvercle de la marmite. La Libye est devenue instable, d'autant que Kadhafi rêvait d'un Etat sans gouvernement. Au dictateur a succédé un pouvoir qui affronte les jeux d'influences tribaux qui ont toujours existé. C'est pourquoi, en février 2011, l'auteur conclut son essai ainsi, puisqu'il ne connaissait pas la conclusion de la révolte : « Si l'on peut attendre d'un régime post-Kadhafi qu'il soit redistributeur et plus respectueux des droits de l'homme, les données structurelles de la rente [pétrolière] et de l'organisation sociale sont en revanche étroitement liées au clientélisme qui risque donc demeurer encore longtemps [p.180] ».

Si ce sujet vous intéresse, vous pouvez consulter cet essai qui vaut toujours le détour.
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