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Critique de gruz


gruz
11 novembre 2015
Deux. Deux romans de Penny Hancock publiés en France. Deux romans marquants. le compte est bon.

Ces auteurs anglais sont tout de même étonnants. Pour ne parler que des romans parus cette année chez l'éditeur Sonatine, je ne peux m'empêcher de faire le parallèle avec La fille de train de Paul Hawkins et Une autre vie de S.J. Watson.

Une ambiance similaire, une immersion dans la vie et la tête des personnages, un rythme lent et un final détonnant. La patte british.

Ce nouveau roman de Penny Hancock est le dernier paru des trois, mais certainement pas le moins bon. Disons-le tout de suite, c'est au contraire une réussite et une histoire dont on sort complètement chamboulé.

La qualité d'une bonne partie de Deux tient dans ses personnages et le cocon dans lequel nous plonge l'auteure. Un cocon qui se transforme insidieusement en carcan. Un environnement qui prend littéralement vie et dans lequel deux femmes prennent corps.

Deux femmes très différentes. Une anglaise BCBG, en pleine ascension professionnelle, mais dépassée par son quotidien. Une marocaine, immigrée venue gagner sa vie en Angleterre et sauver sa famille de la misère.

Un roman qui est bien loin de l'étiquette « thriller » (d'ailleurs le mot ne figure nulle part sur le livre). Un récit de femmes avant tout, qui parle de leurs places dans la société, de leurs attentes, de leurs blessures.

Entre elles, va se tisser une relation faite d'incompréhension et de servitude, subtilement plombée par des non-dits et des micro-événements qui prennent des proportions disproportionnées. Différence de modes de vie, autres préoccupations et manières de penser si éloignées.

C'est écrit tout en lenteur (mais jamais trop) et avec subtilité. On vit littéralement aux côtés de ces deux femmes, dans leurs quotidiens. On pourrait imaginer que s'en devient vite rébarbatif, mais non, c'est tout le contraire.

Il faut aimer ces ambiances toutes en finesse et ces livres qui prennent le temps de poser l'atmosphère (pour ne pas dire la chape). Ici, le lien de subordination entre ces deux personnages qui ne se comprennent pas, est si crédible et si bien mené, qu'on est scotché au récit.

Et puis il y a les 100 dernières pages. Et puis il y a la chute finale. Là on se dit que Penny Hancock est forte, très forte. Qu'elle est vicieuse, très vicieuse. Qu'elle a un talent décidément hors-norme pour nous bousculer, nous retourner, nous bouleverser. Qu'elle prouve plutôt deux fois qu'une que c'est une auteure dont le nom est à surligner dans ce monde très à la mode des romans psychologiques.

Je n'utilise volontairement pas le terme de thriller, tant les ¾ du romans n'entrent pas dans ce cadre. Et pourtant… Cette fin… Dieu que cette fin est à classer dans ce qui se fait de mieux dans la catégorie (comme quoi, ce livre est décidément inclassable).

Une conclusion d'une rare finesse, à l'image de l'ensemble du récit, mais sacrément dérangeante. Un aboutissement inimaginable et pourtant si plausible. A lui seul, il change totalement la face de l'histoire et tombe à pile. Deux est un roman touchant dans tous les sens du terme. Touché coulé.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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