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Critique de Dionysos89


Le bonheur vient-il sans amertume ? La dépression est-elle la conséquence logique du refus du bonheur ? Non, ce ne sont pas les sujets du baccalauréat de philosophie pour l'an prochain, mais bien les questions sous-jacentes au Versant féroce de la joie, d'Olivier Haralambon. Rien que ça !

Outre ses études de philosophie avant d'être journaliste, l'auteur a surtout évolué pendant dix saisons en tant que coureur cycliste, en côtoyant notamment le sujet de cette biographie, l'« enfant terrible du cyclisme belge », Frank Vandenbroucke. Mort le 12 octobre 2009 à 34 ans dans un hôtel du Sénégal, nous débutons les premières pages sur son suicide réussi ! Mais ce sont bien ses années de coureur professionnel, de ses premières armes à ses derniers débordements, qui constituent le coeur de cette biographie, puisqu'évidemment ils ont rythmé sa vie privée et publique.
Et que d'opportunités gâchées chez ce coureur ! Bien sûr, nous vivons le monde du cyclisme de l'intérieur, c'est parfaitement rendu, entre omerta sur le dopage, dépassement de soi et exigences de chacun, mais finalement l'essentiel est ailleurs. Ici, nous suivons surtout un homme, considéré par lui, ses proches puis le monde cycliste, comme un prodige, mais qui à chaque formidable montée embrayera sur une chute phénoménale. Si nous ajoutons à cela, ses crises liées au dopage régulier et à ses diverses addictions, son incapacité à se construire une vie stable et sa difficulté à côtoyer famille, dirigeants et coureurs concurrentiels, le bilan devient très vite négatif pour Franck Vandenbroucke. C'est vrai qu'il fut un beau coureur gâché par les affaires de dopage, mais son charisme et son tempérament qui lui valent de s'élever l'ont toujours systématiquement desservi.
Replonger dans le cyclisme des années 1990 et 2000 ne fait jamais de mal, non seulement par nostalgie envers la jeunesse, mais surtout pour voir que tout n'est pas réglé encore dans ce sport, malgré tous les efforts et l'avance considérable sur d'autres sports encore moins humains, voire complètement déconnectés des réalités, le football en premier lieu. Ce livre est vraiment touchant, Olivier Haralambon en zoomant sur des aspects très humains du cycliste et en romançant des aspects très privés du fils, du mari, du père aussi, qu'il fut. Il est vrai que l'occasion de publier ce livre s'est peut-être présentée lors de la mort de Philippe Gaumont (le 17 mai 2013, à 40 ans), dit « La Gomme », auteur de Prisonnier du dopage en 2005, et qui joue un rôle non négligeable ici dans l'inexorable descente aux enfers du fameux VDB.

Le Versant féroce de la joie, avec son titre énigmatique et sa sortie opportune juste au moment du Tour de France, est un récit touchant, mélancolique et empli de la sueur des coureurs. le dopage, le quotidien, les malheurs, peu de choses nous sont épargnées et c'est tant mieux !

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