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Critique de LeScribouillard


Castes, secrets, puissances : le jeune Col pensait qu'il aurait une vie plutôt tranquille jusqu'à ce que cette Immonde intervienne. S'ensuivront toutes sortes de péripéties, qui j'aime autant prévenir, ne plairont pas à tout le monde. Aussi, pour vous donner une idée de si "Le Worldshaker" est un bon roman steampunk ou jeunesse, il va falloir que je divise cette critique en deux afin de montrer ce qui innove et ce qui n'innove pas.
Ce qui innove ? Eh bien, fût un temps *sort sa pipe et met son chat sur ses genoux*, j'avais vu une vidéo de Nexus VI - très bonne chaîne - où dans les commentaires un petit plaisantin avait marqué "Pour les cons, SF = space opera". Eh bien, j'ai bien envie de dire : "Pour les cons, steampunk = dirigeables". Eh bah pour une fois, non. Pas le moindre dirigeable, et d'ailleurs aucun machin superflu avec de la vapeur et des tas d'engrenages. le seul élément steampunk est... un bateau ! Mais un bateau d'une taille si énorme qu'on peut presque parler de sense of wonder : il fait plusieurs kilomètres, possède dans ses entrailles l'essentiel de la nation anglaise (), et ses moteurs sont si puissants qu'ils peuvent "naviguer" sur la terre ferme ! D'ailleurs, il y a même un moment où ils traversent l'Asie, un continent souvent laissé en reste dans ce genre à part dans le micro-mouvement du silkpunk. Ça ne sert pas à grand-chose (à part expliquer un élément qui prouve encore une fois l'injustice du régime), mais il faut quand même dire que c'est étonnant. Autre chose : l'idée que les mégalonefs (ces gros bateaux) aient pour ancêtre selon le gouvernement l'arche de Noé avait un petit côté humoristique pas désagréable.
Par contre, pour ce qui innove pas, c'est un festival. "Pour les pas fute-fute, steampunk = victorien." Eh bien ce bouquin est tout ce qu'il y a de plus victorien, avec une reine et un roi qui ne foutent rien, des méchants riches royalistes / capitalistes / productivistes, et une exacerbation de la sous-traitance des classes pauvres. On a réussi à faire du steampunk parisien, japonais et même extraterrestre, je vois pas pourquoi 90% des auteurs et des lecteurs se bornent à nous resservir du victorien. Et ça risque pas de s'arrêter avec le nouveau film d'un certain Peter Jackson...
Ensuite, bah un type a mis "dystopie" dans les étiquettes, et pour une fois je suis pas contre, mais "dystopie" pas dans le sens "Orwell / Huxley / mec visionnaire", non, rien à voir, la bonne grosse dystopie Young Adult bien commerciale. On va pas se prendre le chou à mettre des intermédiaires entre les gentils et les méchants (à part la grande soeur), le système est injuste, d'accord, mais ne dénonce pas grand-chose à part que l'esclavage c'est pas bien, et un trait de caractère définit toute la personnalité : Riff n'en fait qu'à sa tête, Col est un pauvre gamin crédule, et il y en a un qui ne parle tellement pas souvent que tout le monde croit qu'il est muet. Je vais habilement contourner le spoil, mais la salle de transformation, même si dans la réalité les bourreaux nazis ou khmers rouges sont allés bien, bien plus loin, j'ai eu un mal de fou à gober les tortures qu'ils y faisaient pour au final pas grand-chose à part un peu de cruauté, et encore plus comment ils faisaient croire que les Larbins étaient muets parce qu'ils n'avaient pas besoin de parler... comme quoi leur vie serait trop simple pour qu'ils en aient besoin ! Je vous passe les détails sur la petite romance (forcément, il y en a une), et la fin de la méchante grand-mère (grotesque, si vous voulez mon avis), ainsi que le professeur hargneux tellement survolté qu'il était taillé pour un bouquin humour. D'ailleurs, quitte à faire l'emmerdeur, autant dire que ce n'est pas de la dystopie, mais de la dyschronie, enfin bon, un détail pareil...
Mais malgré tout, on a une histoire qui marche bien, avec un suspense dans le dernier quart excellent, un final digne de ce nom, et puis une jolie fin ouverte (comme il se doit dans les romans pour ados...). Et puis comme dans tout machin victorien qui se respecte, steampunk, manner fantasy ou que sais-je, on ne lutte pas contre des boss finaux qui cassent tout sur leur passage. On lutte contre les idées qu'on vous a enfoncées dans le crâne depuis votre naissance. Et ça, ça contrebalance le côté "énième bouquin à la londonienne", mais vraiment...
Pour conclure, ça nous donne un roman loin d'être une catastrophe, et un très bon choix comme première lecture dans le steampunk. Ça a d'ailleurs été mon cas.
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