Heinrich Rarrer, qui faisait partie de la première cordée à vaincre (bien qu'il ait horreur de ce terme)
la face Nord de l'Eiger, fait l'historique de l'Ogre suisse.
Du péremptoire "lisse, sans prises, absolument inabordable" de Moore en 1864 à "l'année chevaleresque" de 1963, Harrer explique. Les premières tentatives et les premiers désastres, la montagne imprévisible, les trajets avalancheux, les orages incessants, les échecs suivis de retours miraculeux, les échecs sinistres où le dernier survivant meurt à 20 mètres des sauveteurs impuissants... Les belles réussites aussi, où la montagne n'est pas un monstre à vaincre, mais un test de performance, d'endurance, et aussi de modestie.
Harrer a vécu la Face Nord. Son récit personnel en montre toutes les difficultés, sans fausse modestie et sans orgueil; son expérience donne à l'ensemble du livre et des récits successifs un accent particulièrement véridique. Harrer défend une certaine vision de la montagne et de l'alpinisme, au fond une leçon d'humanisme. L'Eiger et sa redoutable face Nord deviennent, sous sa plume, bien plus qu'une paroi: avec quelques réflexions rappelant parfois
Saint-Exupéry, il montre l'histoire d'un alpinisme qui se construit au-delà des nationalités, et loin des clichés faciles sur les "conquérants de l'inutile".
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