AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Acerola13


Le pouvoir des sans-pouvoirs est un énième livre sur la dictature et les régimes totalitaires et leur emprise sur la société, écrit par une figure politique majeure de la République tchèque : Vaclav Havel, président de la Tchécoslovaquie en 1989, puis de la République tchèque entre 1993 et 2003, figure d'opposition durant la mainmise soviétique sur l'Europe de l'Est, signataire de la Charte 77.

Dans cet essai, il décortique la méthode avec laquelle un régime muselle la société, dont la perte de dynamisme contribue à l'inertie de tous, où tout un chacun finit par être une composante de la clef de voûte d'un système politique où la liberté de penser n'existe plus, et où l'horreur ne provoque plus aucune réaction.
La pertinence de ce texte pourtant écrit en 1978 est décoiffante et carrément effrayante ; Havel affine sa description d'une dictature loin des schémas classiques de répression violente, mais ne laissant au contraire aucune place à l'improvisation, obsédée par la mise en place d'une idéologie aux rituels précis, et dont les infidélités sont punies et dûment documentées par une bureaucratie tentaculaire. Les individus développent peu à peu une capacité d'adaptation à ces rituels communs, enfouissant leurs convictions personnelles sous cette chape de plomb conformiste, au détriment de leur identité et de leur capacité de réflexion.

Et en guise de conclusion joyeuse, l'auteur de nous rappeler que les démocraties occidentales sont loin d'être hors de portée de cette sourde crise de l'identité : « Rien, en effet, ne permet de croire que les démocraties occidentales, à savoir les démocraties parlementaires traditionnelles, offrent une issue plus sûre. On pourrait même dire que, si elles ouvrent plus d'espace pour les vraies intentions de la vie en comparaison avec notre système, elles cachent mieux la situation dans laquelle l'homme se trouve et le plongent d'autant plus profondément dans la crise. »

Que de belles perspectives !
Commenter  J’apprécie          50



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}