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Critique de Melieetleslivres


Marcelle est née en 1922, elle est morte en 2018. Avec son prénom si désuet qu'il n'est pas revenu à la mode comme beaucoup d'autres de ses contemporains, avec sa mort en Ehpad à près de cent ans, Marcelle n'est pas une personne marquante. Elle n'a pas fait de grandes choses, n'est pas rentrée dans l'Histoire, celle avec un grand H. Mais Marcelle a eu une histoire, comme beaucoup de femmes de cette époque, elle a vécu, beaucoup de toutes petites choses, mais qui comptent. Qui lui donnent une envie de se souvenir, et d'écrire ces souvenirs dans deux cahiers qu'on retrouvera dans ses « petites affaires », le peu de choses qu'elle laissera derrière elle.

La narratrice qui se situe comme un membre de la famille raconte l'histoire de cette jolie petite fille, gentille, sage, petite fille modèle en somme, née de parents commerçants : le père fabrique des chapeaux, à l'époque où personne ne se promenait « en cheveux ». Casquettes, chapeaux de paille pour les cultivateurs, chapeaux-cloches et feutres, chapeaux de Catherinettes.. et bientôt la Chapellerie Jallard devient aussi chemiserie, et bonnetterie. le père adore faire de la menuiserie, et gâte sa fille avec une maison de poupées, une épicerie, toujours dans la famille à l'heure actuelle. Elle reçoit du « Bonhomme Janvier » une poupée de porcelaine, c'est Bleuette, avec un abonnement à la Semaine de Suzette. Toutes les petites filles y apprennent à coudre et tricoter pour réaliser les petits vêtements, il y a la dinette, le fourneau, en somme on lui apprend à devenir une « petite mère ». À six ans un petit frère, Louis, tant qu'il est bébé c'est le grand amour de Marcelle. Dans ce foyer il y a de l'amour. Ce n'est rien mais c'est beaucoup. Ensuite il y aura la guerre, quand Marcelle aura dix-huit ans, qui ne changera pas grand-chose à la vie de famille, à part l'installation chez eux d'un lieutenant Allemand, mais la famille doit faire tourner le magasin.

A la fin de la guerre, Marcelle a un amoureux. Mais le père de celui-ci serait un « collabo ». Mariage impossible, Marcelle suit l'avis de ses parents. Marcelle, qui rêvait de bébés, ne se mariera jamais.


La narratrice décrit cette petite vie minuscule, en s'interdisant de la juger ; mieux : elle semble vouloir pousser Marcelle à s'évader de son chemin tout tracé déjà, mais non, il faut suivre Marcelle, la comprendre, la raconter, ne pas oublier surtout une vie de minuscules choses, qui influe sur les autres, dans sa famille, dans ses activités bénévoles : elle donne, elle donne de son temps et de ses forces.
Dans un style léger, fait de petites touches, sans points à la ligne, car la vie suit son cours sans s'arrêter, on découvre une existence qu'on aurait vite fait d'oublier. Nous avons tous connu une « Marcelle », au moins, dans notre vie. Ne l'oublions pas.

Merci aux éditions du Rocher pour cette lecture si intime.
Lien : https://melieetleslivres.fr/..
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