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Critique de Kalgan


Quelle gracieuse surprise! le Messie de Dune réalise l'exploit de surpasser la réussite du premier tome et semble combler les attentes des lecteurs les plus réticents. En renouvelant son écriture, et quasiment son style, ainsi que l'ambiance et le décor du livre précédent, Herbert arrive encore une fois à captiver son lecteur et à balayer les doutes sur l'écriture de cette suite, qui est sûrement meilleure ou du moins aussi bonne que Dune. Dans un format beaucoup plus court, Herbert réussit à développer une intrigue haletante dans un récit qui diffère totalement de celui du précédent, tout en en gardant l'univers.

Paul Atréides qui a désormais vaincu ses ennemis, règne maintenant presque en tant que Dieu vivant sur la galaxie. Il a le don de prescience et voit l'avenir; rien ne semble pouvoir l'arrêter. Pourtant cela n'empêche pas certains protagonistes d'imaginer un terrible complot le visant et que même ses pouvoirs ne peuvent arrêter. Vivant dans un monde entre visions et réalité, et sentant que son amour pour Chani n'est pas compatible avec sa vie d'Empereur, le futur paraît s'assombrir pour Paul.

Herbert semble presque avoir changer de style pour écrire le roman tant il réussit à renouveler la narration et sa façon d'écrire. Celui-ci n'a bien sûr changer en rien son style, toujours aussi précis, poétique et chantant, mais s'adapte aux besoins de l'intrigue de ce nouveau récit, plus subtil, abondant d'implicites. L'ambiance beaucoup plus sombre et tendue que celle du premier roman met une distance entre le narrateur et le lecteur, accentuant son recul sur l'histoire, comme s'il lisait un mythe; la légende de Paul Atréides.

Les visions de prescience de ce dernier et de sa soeur Alia les éloignent de la réalité et les propulsent dans un autre monde, qu'Herbert décrit et transcrit de façon très juste et compréhensible pour le lecteur, si de telles visions, appartenant à une dimension aussi floue que celle du rêve puissent être représentées. Cette magnifique transcription laisse transparaître la dimension poétique de l'écriture d'Herbert, qui a toujours le bon goût de partager des poèmes venant des différents coins de la galaxie de son univers. Il ajoute toujours au début de chaque chapitre, comme dans le premier livre, des ‘extraits' de livres fictifs de l'univers de Dune, qui font office de truismes et apportent une touche de finesse au récit.

Herbert développe une atmosphère de complot, qui amène une tension dramatique au récit, une ambiance étouffante, un suspens insoutenable qui dure jusqu'à la chute finale. Ce complot combiné à la capacité à voir dans l'avenir de certains personnages, entraîne un jeu subtil de tromperies entre chacun d'eux, où le doute domine, créant une opposition entre des personnages aux fortes personnalités. Les dialogues en deviennent d'une extrême subtilité, élevant le niveau d'écriture, mettant en scène de façon intelligible ces jeux incessant de duperies.
Et l'un des attrait du récit qui existait déjà dans Dune, est que le lecteur a connaissance de chacune des pensées, réflexions et opinions des personnages, qui sont consignées en italique dans chaque dialogue.
Herbert laisse ainsi l'occasion à chaque personnages de défendre sa position dans le grand jeu de la conspiration en partageant leur raisonnement.
La présence de la religion, dont on ne cerne pas toujours très bien le rôle, à part celui évident d'assurer le contrôle du peuple, ajoute à la dimension mystique du récit et au halo divin entourant son héros, Paul, le messie, le Muad'Dib.

Comme tout n'est que subtilités, Herbert ne laisse qu'une mince frontière entre les personnages bons et mauvais, permettant de souligner que rien n'est tranché en ce qui concerne leur rôle. Et contrairement au précédent roman, Herbert se garde de dévoiler le dénouement avant la fin. On distingue en effet sans cesse les contours de la conspiration qui se joue mais sans pouvoir en saisir la forme. Tout au long du roman, la question est de découvrir quels moyens ont été mis en place pour mener le complot, et comment il a été orchestré afin d'être mené à son terme.

Cette suite fait preuve du génie de son auteur et réjouit par la diversité qu'elle apporte au genre de la science-fiction. Un classique qui appelle à découvrir très vite la suite du Cycle de Dune.
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