AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Alfaric


Antonio Hernández Palacios est un peintre et dessinateur espagnol qui a travaillé 30 ans dans la publicité et qui s'est mis sur le tard à la bande dessinée pour des lettres de noblesse lui donner. Il n'a jamais renier ses premières amours (les affiches de cinéma), et c'est en admirateur de Harold Foster le célèbre créateur de "Prince Valiant" qu'il décide de faire la BD historique à l'espagnole : c'est avec la méticulosité d'un Jacques Martin ou d'un Gilles Chaillet qu'il raconte la Bataille de Roncevaux, Christophe Colomb et Hernán Cortés, Simon Bolivar, la conquête de l'Ouest avec "Mac Coy" et "Manos Kelly" avant de traiter s'attaquer à la douloureuse question de la Guerre d'Espagne. "Le Cid" prévu en 25 tomes devait être son chef-d'oeuvre, mais moins que la Grande Faucheuse c'est la frilosité des éditeurs hispaniques qui nous a privé de la fin de la série qui s'annonçait d'anthologie... Si clairement l'infant Sancho vole carrément la vedette à notre Cid, il aurait justement été intéressant de voir comment le récit aurait basculé pour se recentrer sur le reconquistador de légende !


Livre 1 : "Sancho de Castille"
Mais 1063. Au lendemain de la Bataille de Graus l'infant Sancho et son compagnon Rodrigo sont faussement accusés du meurtre de Ramiro Ier Roi d'Aragon. Sur le chemin du retour le bouillant prince héritier rumine de sombres pensées, et décide de les oublier durant une partie de chasse... En croisant la route du géant muet Basurde il fait la rencontre de la Senorita Usua et c'est le coup de foudre réciproque : la belle invite le beau prince en son château d'une vallée perdue, mais il s'avère qu'elle en est prisonnières car les infâmes Berunda, Pacomio et Adolfo Bellido veulent prendre sa place... Assiégés Sancho et Usua envoient Rodrigo et Basurde chercher de renforts. Après moult rebondissement la bataille a lieu et elle est sanglante : meurtris dans leurs âmes et dans leurs corps, Sancho y gagne un ennemi doté de plusieurs vies et Rodrigo y gagne un ami pour la vie !

Livre 2 : "Les Cours de León"
Sancho, Rodrigo et Basurde (Robin des Bois, Will Scarlet et Petit Jean ? ^^) rentrent à la capitale, et Sancho doit subir les calomnies et Rodrigue les moqueries des courtisans d'Alfonso. Nous faisons connaissance avec les protagonistes du game of thrones hispanique : le roi Fernando qui veut devenir empereur, la reine mère Sancha qui n'est pas loin d'être une sainte, le bouillant Sancho le frère aîné qui veut obtenir l'approbation de son père, le manipulateur Alfonso le frère cadet qui veut obtenir la place de son père, l'infante Urraca qui lui est étrangement et malsainement dévouée corps et âme, ainsi que les frivoles Elvira et Garcia. Alors que le patriarche fait lecture de son très contesté testament, le père explique à son fils aîné son plan secret et ce dernier manque immédiatement de périr dans une embuscade des mains de 5 assassins... le commanditaire est-il un souverain étranger, l'un de ses proches ou sa Némésis Adolfo Bellido avide de vengeance ?

Livre 3 : "La Prise de Coimbra"
La Team Sancho est envoyée en éclaireur préparer le terrain à l'armée de conquête de l'Empereur Fernando, et ses membres trouvent un allié précieux en la personne du mozarabe David Sisnando. Malheureusement Adolfo Bellido rôde et leurs crée les pires ennuis en avertissant le qadi de la ville de tous leurs faits et gestes... Capturés et emprisonnés, Basurde mène une guérilla d'arrière-garde contre les soldats du gouverneur et il n'a plus que ses yeux pour pleurer quand le jour de leur exécution l'armée de reconquête se présente aux pieds des murailles. Ramón Menéndez Pidal avait consacré 7 lignes au sujet, Antonio Hernández Palacios lui consacre 44 pages : c'est du bruit et de la fureur en technicolor, et rien n'y personne n'est épargné par le violence des événements à commencer par les lecteurs du coup on dirait le "Kindgom of Heaven" de Ridley Scott en BD !

Livre 4 : "La Croisade de Barbastro"
Une génération avant l'Appel de Cluny, le pape Alexandre II exhorte les Chrétiens de tous les pays à partir à l'assaut de la forteresse de Barbastro. La campagne militaire, le siège et la prise de la ville est d'une violence inouïe et sans précédent : les alliés musulmans de l'Empereur Fernando ne sachant plus à quel saint se vouer se se retourne alors vers la chrétienté sans faire de distinction entre loyaux hidalgos et envahisseurs étrangers.
Nous suivons en parallèle la Team Sancho qui essaye désespérément faire entendre raison au maître de Saragosse Moctadir, et Fernando et Alfonso qui essayent de tirer profit de la situation pour prendre Tolède et Valence alors que la croisade s'effondre elle-même de ses excès. La narration qui s'éparpille un peu prend la forme d'une chronique plus aride que le pur récit, mais l'auteur nous gratifie de planches en formes de vitraux du plus bel effet ! le tome se conclut sur la mort imprévue de l'Empereur Fernando : de Sancho et Alfonso il ne doit en rester qu'un...


Bien sûr cette nouvelle intégrale des Éditions du Long Bec est impeccable à tous les niveaux (à part l'oubli de la note indiquant que Basurde veut dire « sanglier ») avec préface de Carlos Uriondo, dossier historique de Roger Seiter et postface de José E. Martinez. De plus le travail réalisé par l'auteur pour la suite de la saga est disponible en ligne ! Je pense que peux bien résumer cette série en affirmant qu'elle est au cape et épée hollywoodien ce que le western spaghetti était au western hollywoodien. Et nous sommes typiquement dans la BD des années 1970 avec un encrage appuyé et une colorisation flashy que parfois n'aurait pas renié Mario Bava, mais le travail est indéniablement de qualité et possède tout ce qu'il manquait aux "Tours de Bois-Maury" d'Hermann, mieux c'est en forgeant qu'on devient forgeron donc les graphismes de la série s'améliorent grandement de tome en tome... Sinon je vois venir les amateurs de « romans graphiques » avec leurs gros sabots : alors oui le narrateur omniscient qui nous décrit tout ce qu'on voit est horripilant, mais cela ne sert à rien de casser du sucre sur le dos de chaque auteur car c'est un impératif d'éditeurs littéraires qui n'ont jamais rien compris aux spécificités de l'art séquentiel (comme les amateurs de « romans graphiques » par ailleurs) et qui ont obligés tous les auteurs de leurs écuries à rajouter du texte pour faire plus littéraire... Soupirs...
Lien : http://david-gemmell.frbb.ne..
Commenter  J’apprécie          364



Ont apprécié cette critique (34)voir plus




{* *}