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Critique de TRIEB


C'est sous la forme d'un journal intime , écrit jour après jour, année après année de 1956 à 2011 ,que Leïla , jeune fille algérienne , raconte sa vision des événements vécus par elle-même, ses proches, frères et soeurs .En 1956, première année qui débute ce récit , Leïla vit une enfance presque heureuse , à ceci près que la guerre d'Algérie , déjà entamée depuis deux ans , s'intensifie .Son frère , Majid , est ainsi arrêté par des militaires français et la famille reste longtemps sans nouvelles de lui . Il en est de même pour son père, homme autoritaire, lointain.

Il y a des amies européennes : Denise, Chantal, Dominique .On échange des recettes de cuisines, on se côtoie sans qu'il existe véritablement un apartheid , ni une communauté de destin .Ce qui séduit dans ce récit , c'est la description des différentes étapes de l'histoire de l'Algérie : les joies de l'indépendance, vite réprimées par les querelles de clan des nouveaux élus du pouvoir , la construction de l'Algérie nouvelle, l'industrialisation du pays , l'arabisation forcenée , la montée de l'islamisme , de l'influence des préceptes religieux musulmans sur la vie des femmes algériennes, et donc sur celle de Leïla et ses filles, en proie aux menaces des voisins , à leurs dénonciations , à leur jalousie . Leïla, qui est éducatrice pour sourds et muets et mariée de surcroît à un Français, Martin, ne perçoit que trop bien ce danger : « On nous a enseigné notre religion mais on peut la vivre autrement .Moi, je n'aime pas les rites .Ils nous enferment souvent dans des pratiques vides de sens .Pour moi, Dieu, c'est la vie, la recherche du sens justement, le mystère d'une rencontre comme la nôtre. »

Après avoir tenté de résister à toutes ces pressions, Leïla et toute sa famille partent pour la France, pays dans lequel Leïla continue de lutter contre les préjugés, les caricatures, les identités toutes faites : elle combat d'une rive de la Méditerranée à l'autre, pour sa liberté de femme, d'être humain, de citoyenne .Le récit se termine au moment de l'éclatement des printemps arabes ,en 2011 , avec une lueur d'espoir et une allusion à la révolution tunisienne : « C'est vrai, tout s'efface .Mais dans l'air subsistera la chanson fredonnée, le parfum du jasmin et des fleurs d'oranger . »
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