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Critique de Bellonzo


le beau récit de Zakia et Célia Heron, proposé par le cercle Babelio, est un livre agréable et bien troussé. Les deux auteures, mère et fille, racontent plus de cinquante années de la vie de Leïla, jeune algérienne depuis le début de la guerre, en 56, qui bouleverse son existence insouciante et heureuse auprès de ses sept frères et soeurs. L'orange paradis de l'enfance de Leila va bien vite s'assombrir d'abord avec les années de guerre, le FLN et l'OAS, les attentats et les disparitions. Vivant cela avec ses yeux de huit-dix ans, c'est en fait un journal que l'on lit au fil du temps, les termes en sont simples et quotidiens, la pénurie, les queues chez l'épicier, l'attente d'un mieux qui tardera, les regards qui se détournent, la découverte de l'hostilité, le frère volatilisé et très vite chez cette enfant le sentiment d'un gâchis inéluctable.

C'est surtout la sincérité de la diariste, relayée à la fin par sa troisième fille, qui nous touche. Point question ici d'un souffle littéraire ou romanesque. Quelques maladresses parfois. Peu importe en l'occurrence. Leila, après un beau portrait de sa grand-mère et une évocation qu'on peut trouver un peu idéalisée de ses très tendres années, va mûrir, douloureusement mais n'est-ce pas la règle, et suivre des études vers l'éducation des sourds et l'enseignement. le premier qui voit la mer devient alors le récit d'un exil vers la France, mariage mixte et enfants oublieux de l'Algérie, quoi de plus normal, les trois filles n'ayant pas connu le pays de leur mère. Encore une fois le livre est agréable et doit être lu comme ce qu'il est, sûrement pas une oeuvre majeure, mais un témoignage vivace sur ce je t'aime moi non plus de l'Algérie et de la France, qui n'en finit pas de suppurer.

Zakia et Celia Heron n'éludent bien sûr pas les années noires de la quasi guerre civile, les graves tentations du FIS et les milliers de victimes. Tout cela est bien amené, y compris la dernière partie qui court sur les années 2000 quand Dalya la cadette vit en France sa vie de jeune femme libre, pas si facile malgré tout, et qu'à l'éclosion des fameux printemps arabes le livre se termine ainsi: "Dans l'air subsistera la chanson fredonnée, le parfum du jasmin et des fleurs d'oranger". Reste de ce livre une naïveté un peu confondante relative à la colonisation quand on sait qu'au simplisme des uns répond l'angélisme des autres. Ces deux "ismes" s'y entendent pour gâcher le sentiment qu'on pourrait retenir d'une telle lecture, au demeurant sympathique.
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