Frédéric Delachaise est un personnage un peu perdu dans sa vie qui prend un emploi de gardien au Musée Beaubourg. Il ne connaît rien à l'Art contemporain, il préfère les claquettes,
Fred Astaire est son idole. Ce personnage est un peu comme un petit poussin tombé du nid, on découvre qu'il vient d'une famille qui possède un titre de noblesse, le genre de truc inutile qui fait encore de l'effet au XXIe siècle, mais pas vraiment auprès du gardien en chef.
Avec cette histoire un peu burlesque, qui semble prendre la direction d'une comédie de boulevard, le récit s'ouvre sur des thèmes bien plus enrichissants : le respect des oeuvres, pourquoi ne pas les toucher, ou au contraire, pourquoi faut-il les toucher, comment les interpréter, quelle relations entretenir avec l'Art contemporain. L'histoire est inspirée d'une rumeur selon laquelle, lors d'une exposition de Christo (qui a emballé le
Pont Neuf puis l'Arc de Triomphe entre autres) «une oeuvre ait été déballée par mégarde à la veille d'une grande vente».
On rit, on s'amuse, et en plus, cette histoire un peu farfelue offre une réflexion très intelligente, avec une pointe d'ironie sur le système, sur le rôle du musée, sur les visites, sur le rôle du public, passif ou actif.
Frédéric Delachaise est un catalyseur du rapport à l'Art Contemporain : ses institutions, son fonctionnement, la confrontation marché/musées, l'incompréhension du public, le Musée vu comme un mausolée et non comme lieu de vie…
Cette histoire est salvatrice, elle désacralise l'Art et le Musée avec humour et rend à l'Art sa véritable fonction, celui d'une création vivante en interaction avec le public.