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Critique de lafilledepassage


Je retrouve Stefan Hertmans avec un nouveau roman-récit, moins touchant que « Guerre et Térébenthine ». Et donc moins convaincant.

Dans « le coeur converti », Hertmans imagine la vie d'une jeune rouennaise convertie au judaïsme à la fin du XIème siècle qui aurait séjourné dans le village où l'auteur a décidé de se retirer. Pourquoi a-t-elle quitté sa famille, son milieu et ses richesses ? Pourquoi s'est-elle convertie au judaïsme ? Pourquoi retrouve-t-on sa trace en Egypte ?

Hertmans mène l'enquête près de mille ans plus tard, prend la route et tente de retracer la vie de cette jeune femme, dans une Europe en pleine crise, en plein chaos, et en proie aux fanatismes religieux, à l'intolérance et à la colère du peuple affamé et exploité. Il démystifie les Croisades, rappelle les nombreux pogroms qui ont eu lieu en France dans ces temps troublés du Moyen Age, et l'intérêt historique de ce roman est indéniable. L'auteur aime l'Histoire, pas de doute là-dessus, mais peut-être aime-t-il plus l'histoire des lieux (à nouveau quelques anecdotes savoureuses sur des lieux lourdement imprégnés d'histoire) et des événements que celle des hommes …

Et c'est là que le bât blesse … car ce n'est pas l'homme de « Guerre et Térébenthine », l'homme doté de sens et de coeur, qui écrit ici, mais plutôt l'homme cultivé qui donne sa vision de cette époque, avec précision, certes, mais sans empathie. La pudeur présente dans « Guerre et Térébenthine » s'est muée en froideur. Même l'oeil du peintre, qui nous avait décrit si joliment les tableaux de la Flandre du début du XXème siècle, a disparu.

Du coup, j'ai eu du mal à croire à cette histoire. On sait très peu de choses sur ce que l'héroïne ressent, sur ce qu'elle pense, sur le chemin spirituel qui l'amène à la conversion. Je la suppose passionnée, amoureuse, tremblante pour son homme et pour ses enfants. Et probablement éprise de liberté, voulant décider elle-même de sa vie, de son destin, obstinée même peut-être. Une femme hors du commun qui abandonne sa famille d'ascendance nordique et flamande, sa région pluvieuse, son milieu de riches commerçants, sa religion, bref tous ses privilèges, tous ses acquis pour l'amour d'un jeune Juif, érudit, originaire du Sud de l'Europe. Une femme qui fait des choix et qui les assume. Une histoire d'amour passionnel mais probablement plus encore.

Non l'héroïne de Hertmans est bien pâle. Certaines de ses réactions ou de ses décisions sont assez incompréhensibles, comme lorsqu'elle voit arriver les Croisés au village, avec indifférence presque … Ou lorsqu'elle décide de s'établir en Egypte …

En résumé, je n'ai pas vibré. Pourtant je suis sûre que la vie de cette femme, que les paysages traversés, que les personnes rencontrées se prêtaient à la poésie, à la musique, au lyrisme, à l'émotion. Un très bon livre historique, mais un roman tout à fait dispensable…
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