AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Sachenka


Le coeur converti est un roman historique qui m'a à la fois étrangement interpelé et légèrement ennuyé. C'est contradictoire, je le sais. Laissez-moi m'expliquer. D'abord, si l'intrigue a su capter mon attention, la lenteur avec laquelle elle s'est déployée m'a un tantinet refroidi. Et cette protagoniste… elle me semblait distante. En effet, à la fin du IXe siècle, dans le nord de la France, la jeune noble normande et chrétienne Vigdis tombe éperdument amoureuse d'un étudiant juif. Tout de suite, on voit poindre les dangers. Je m'imaginais la famille de la demoiselle fondre sur le jeune homme, David. Les amoureux doivent s'enfuir vers le sud, jusqu'à Moniou (aujourd'hui Monieux). C'est là que l'histoire rejoint le présent car l'auteur Stefan Hertmans a retrouvé des traces de la communauté juive de l'époque. Ce lien a donné un souffle nouveau à ma lecture.

Pour revenir à Vigdis, elle s'intègre à ses nouveaux coreligionnaires, prend le nom de Hamoutal et donne trois enfants à son mari, David. Pendant un moment, j'ai cru que cette idylle n'allait donner qu'une histoire d'amour mièvre, à l'eau de rose. Seulement, voilà, la Croisade est officiellement lancée et des bandes de chevaliers en quête d'action et d'aventure traversent la région et enlèvent les enfants. Ah, le courage d'une mère qui n'abandonnera jamais ses petits. Vigdis/Hamoutal fera tout pour les retrouver, même parcourir la moitié du monde. C'est ce qu'elle fait. Amour maternel et espoir, la combinaison gagnante qui donne des ailes… et des belles histoires à raconter.

Dans le cas de ce roman, le coeur converti, ça donne une histoire particulièrement complexe. Et l'auteur y est allé d'une floraison de détails. Énormément. Trop? Entre la filiation normande (viking), les communautés juives tant de Rouen que de Narbonne, Urbain II, les Croisades, les pogroms, le long périple autour de la Méditerranée, le passage au Caire, en Égypte et ainsi de suite. Ouf! Toutes ces informations étaient ajoutées graduellement et elles servaient bien l'intrigue en décrivant les conditions de vie, les lieux et les décors. J'avais l'impression d'y être, sinon de pouvoir bien visualiser les scènes. Mais elles étaient si nombreuses, si touffues. On remarque que Hertmans a bien fait ses recherches. Peut-être que, si les personnages s'étaient moins promenés, le lecteur aurait moins l'impression d'être emporté par un tourbillon.

Alors que mon intérêt chancelait, parmi toutes les pérégrinations de Vigdis, c'est le style de l'auteur qui parvenait à me garder accroché. À me séduire? J'ai lu précédemment un autre roman de l'auteur, Guerre et térébenthine, et je l'avais trouvé correct. Sans plus. Ici, dans le coeur converti, je sens une maîtrise plus grande. Ça a peut-être à voir avec la narration, qui fait le va-et-vient entre le présent et le passé. Qui télescope. En effet, cette narration, je lui trouvais des qualités aériennes (si cela se peut), survolant certains événements, transportant le lecteur avec elle. Puis, à d'autres moments, elle se faisait trainante, languissante, dévoilant un peu mais jamais trop sur ce qui suit. Juste assez pour maintenir l'attention. Un peu comme si elle s'amusait.

Bref, un roman que je ne suis pas certain de recommander. Les critiques se montrent très généreuses (dithyrambiques?) mais la plupart ne s'attardent qu'à son résumé, qu'à l'histoire d'amour. Les amateurs d'histoire apprécieront également, je suppose, ainsi que ceux attirés par les plumes fines et élégantes.
Commenter  J’apprécie          460



Ont apprécié cette critique (46)voir plus




{* *}