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Critique de lafilledepassage


La Flandre, son ciel bas, sa terre lourde et collante, la pluie et l'humidité qui ronge tout. La Flandre, son passé collaborationniste. La Flandre, le succès grandissant de ses partis nationalistes et/ou extrémistes de droite. La Flandre, mon pays.

Hertmans nous raconte ici l'ascension de Wim Verhulst, membre actif du mouvement nationaliste flamand dans la première moitié du XXème, et surtout l'un des plus grands collaborateurs de la seconde guerre mondiale. Il nous dévoile « un héros de pacotille, un vrai froussard ».

C'est un récit à peine romancé et principalement basé sur des faits et des documents historiques. La plume est très agréable, Hertmans sait écrire. A noter tout de même qu'on est très loin de la démarche du dernier Chalandon, « Enfant de salaud », bien que le sujet abordé soit identique !

C'est très fouillé et très bien documenté. L'auteur a entre autres interrogé les enfants de Verhulst, témoins en première ligne, mais ne comptez pas sur lui pour essayer de comprendre la motivation du collaborateur ou pour spéculer sur sa psychologie. L'auteur reste neutre du début à la fin du récit, et pose un vrai regard d'historien sur cet épisode de l'histoire, mais aussi sur l'histoire de Gand, de la Flandre et des mouvements nationalistes.

Il revient notamment sur l'hommage rendu par Bart de Wever, actuel président de la NVA (premier parti flamand), à la deuxième épouse de Wim Verhulst, Griet. Ils étaient amants et s'étaient enfuis ensemble en Allemagne dans les derniers jours de la guerre, espérant échapper à la justice belge.

Lors de cet hommage, en 1997, le tout jeune Bart de Wever fait un discours pour les 90 ans de Griet Verhulst et la remercie pour sa combativité et son soutien à « l'émancipation flamande », devant un parterre d'anciens collaborateurs déchus de leurs droits civiques et de membres du Vlaams Blok (actuellement Vlaams Belang, parti d'extrême droite flamand). Il faut dire que Griet a la photo encadrée du Führer sur sa commode !!!!!

Ce récit révèle aussi la différence entre le nationalisme flamand et les autres partis nationalistes européens : si en Europe, les partis d'extrême droite prolifèrent sur fond de populisme, de baisse de pouvoir d'achat, de crise migratoire et sanitaire, en Flandre, le mal est plus profond et plus ancien. Il date de la première guerre mondiale, quand les Allemands ont su attiser la haine des Flamands pour l'Etat Belge et la langue française, parlée par les élites et les bourgeois à l'époque, aiguiser le nationalisme flamand et instiller le poison de la division entre Flamands et Wallons, division de plus en plus saillante. Et de plus en plus préoccupante.
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