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Critique de MassLunar


Long Kesh est un sobre et tranchant roman graphique directement inspiré par l'enfer vécu par les Blankets Men, un groupe de prisonniers irlandais revendiquant le droit d'être traités comme des prisonniers politiques durant la véritable guerre entre l'IRA et la Grande-Bretagne. Ce groupe d'hommes est mené par Bobby Sands. Ce dernier est d'ailleurs devenu, on peut le dire, un martyr symbolisant la lutte face à une oppression britannique dénuée de scrupules quand au traitement de ses prisonniers de guerre. Un lieu : Long Kesh. Cette prison , désormais détruite, fut en effet le lieu de terribles exactions commises par les gardiens mais aussi le cadre d'une protestation silencieuse mais forte menée par Sands et ses amis avec les fameuses grèves des vêtements, de l'hygiène et de la faim.
Du début à la faim de cette bd, Heurteau nous enferme entre les murs de Long Kesh. Aucune échappatoire, les cases nous emprisonne dans les cellules pleines de crasses des prisonniers, dans leurs enfers mais aussi dans leurs espoirs, dans leurs révoltes marqués sur les murs, dans leurs puissants cris gaéliques. Avec Long Kesh, nous sommes de suite pris d'empathie pour ces prisonniers. Certes, j'ai pas été de suite embarqué par ce roman graphique un poil manichéen avec d'un côté les prisonniers en tant que victimes et de l'autre les bourreaux en tant que gardiens. Avouons-le , objectivement, l'IRA a commis des crimes tout aussi condamnable que les exactions commises par l'oppression britannique à cette époque. Toutefois, l'auteur a le mérite de nuancer un poil le sujet avec la figure de la soeur de Sands ou encore les inquiétudes de ce dernier quand aux conséquences des actes terroristes. Certes, cela demeure assez léger dans ce roman graphique qui se concentre avant tout sur Long Kesh. Heurteau dévoile ainsi comment de l'enfer d'une prison est naît un esprit de révolte beaucoup plus puissant sans doute que les attentas et les meurtres commis à l'extérieur. C'est un titre doté d'un fort propos qui ravira les passionné(e)s de récits engagés, surtout quand ce sont des histoires.
Le dessin de Heurteau est simple , peu de traits mais une certaine expressivité, faisant ressortir une forme d'héroisme derrière des personnages vulnérables, derrière des silhouettes squelettiques. le noir et blanc, qui finit par s'éclaircir un peu sur des tons sépias , sur des notes de couleurs légères exacerbent l'enfermement de cette prison tout en y apportant paradoxalement une certaine mélancolie, un certain espoir mêlé de douleur. Même si ce n'est pas un titre des plus jouasse, Heurteau ne cède pas à la facilité de la lourdeur dépressive. Cette bd retrace un combat , un combat d'autant plus louable qu'il a eu lieu dans une prison dont les traitements pouvaient être comparables à ceux des camps de concentration.

Long Kesh est un roman graphique coup-de-poing , un petit choc de la rentrée bd que je conseillerais à tout un chacun de lire. C'est un récit très engagé qui n'a rien à envier à son homologue cinématographique Hunger du génial réalisateur Steve McQueen.
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