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Critique de Parthenia


Ce livre, publié anonymement en 1894, s'inspire de la relation homosexuelle entre Oscar Wilde et Lord Alfred Douglas. Suite au parfum de scandale distillé par ce roman, celui-ci fut retiré des ventes dès 1895, mais précipita la chute et la disgrâce d'Oscar Wilde. En effet, L'oeillet vert fut apparemment utilisé par le ministère public pour condamner Oscar à deux ans de travaux forcés ! Et franchement, à part le port de l'oeillet vert qui était le signe de ralliement des gays de l'époque (comme le port de la moustache dans les années 70, Freddie, si tu me lis !!^^), je n'ai compris aucune autre allusion aux moeurs considérées comme dévoyées d'Oscar et de son jeune et bel amant.

Or donc, le jeune Reginald "Reggie" Hastings (Alfred Douglas), dandy couvert de dettes, a été corrompu par la fréquentation de son grand ami Esmé Amarinth pour devenir aussi insupportable que son aîné. Les deux hommes vouent un véritable culte au péché et à l'art. Ils cherchent tant à se montrer provocants et choquants auprès de la bonne société que leur posture est devenue tout à fait vaine, voire ridicule ! En dépit de leurs propos scandaleux (et surtout à cause d'eux), leur compagnie est très recherchée. Ils sont invités par Mrs Windsor à passer une semaine dans sa maison campagnarde pour fuir l'été londonien et s'adonner à une vie rustique so exciting !!! Ils y retrouvent la vieille et cynique Mme Valtesi, ainsi que lady Locke, veuve et cousine de l'hôtesse qui aimerait la recaser avec Reggie ! Si au début, lady Locke est troublée par le charme juvénile de Reggie, la détestable influence qu'Esmé exerce sur lui la guérit définitivement de tout désir de mariage.

Tout le temps de ma lecture, je me disais qu'avec un ami comme Hichens, pas la peine d'avoir des ennemis tant j'ai trouvé qu'Oscar Wilde était ici ridiculisé. Bien sûr, il s'agit d'une satire sur le mouvemente esthétique dont l'écrivain était la figure de proue, mais la charge est tellement féroce, tellement mordante que parfois je ne savais plus que penser, me sentant perplexe. Ce sentiment s'est un peu dissipé quand j'ai lu la préface, écrite par l'auteur lui-même pour une réédition de 1947, (car j'ai lu la préface seulement après avoir lu le roman), et le moins que l'on puisse dire c'est qu'Alfred et Oscar ont le sens de l'humour et de l'auto-dérision (à moins qu'ils soient aussi friands de scandales et aussi auto-centrés que le suggère le livre), car ayant deviné rapidement l'identité de l'auteur, ils l'ont félicité pour cette "pochade". On y apprend d'ailleurs qu'Hichens, voyant le mal que la publicité de son livre pouvait faire à Oscar alors aux prises avec la justice, a décidé avec son éditeur de retirer le livre des ventes.
Comme dit plus haut, le lecteur du XXIème siècle aura bien du mal à comprendre le sulfureux parfum de scandale qui entoure ce livre ( (bien que j'aie ressenti un début de malaise lors de la scène entre Reggie et Tommy, le petit garçon de lady Locke, quand le premier promet de lui offrir un oeillet vert, symbole on ne peut plus explicite de son orientation sexuelle et je me suis demandée si Reggie n'était pas plus qu'homosexuel et adepte de la pédérastie ?!?). Autre aspect qui m'a dérangée : l'auteur suggère que Reggie (Alfred) était un bon garçon avant sa rencontre avec Esmé (Oscar) qui a complètement perverti son esprit mais rappelons que Wilde avait déjà une femme et deux enfants avant de tomber fou amoureux d'Alfred et que celui-ci semblait déjà bien corrompu !

Bref, certains passages sont vraiment drôles. Comme celui avec le vicaire Smith dont les réponses aux réparties spirituelles et sarcastiques d'Esmé sont en complet décalage, ou les surenchères moqueuses de Mme Valtesi au détriment de leur hôtesse qui ne se rend compte de rien...
Esmé ne cesse de faire assaut d'esprit, il se complaît même dans une espèce d'auto-satisfaction qui finit par le rendre ridicule ; tandis que le jeune Reggie a l'audace de sa jeunesse, mais sa tendance à admirer et accorder trop d'importance à sa belle apparence, sa manie à copier son aîné, à répéter ses paradoxes et sa philosophie de vie comme un perroquet, le rendent vain et terriblement superficiel. Seule lady Locke semble finalement être dotée de bon sens !

C'était vraiment intéressant de découvrir les préoccupations et futiles passe-temps de certains membres éminents de la bonne société londonienne de cette fin de XIXème, même à travers le prisme déformant de la satire. Grâce à Hichens, nous pouvons écouter la conversation si spirituelle de Wilde car l'auteur s'appuie sur nombre de bons mots prononcés par l'écrivain, même si ce dernier est parfois moqué assez férocement. Ce fut donc une lecture délicieuse et je remercie les éditions les moutons électriques ainsi que Babelio pour ce partenariat !
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