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Critique de PGilly


J'ai vécu la séparation houleuse de mes parents au début de mon adolescence.
Un portrait de Marie-France Hirigoyen dans le magazine du journal le monde (samedi dernier) m'a frappé, notamment lorsqu'elle évoque l'aliénation parentale, concept sujet à polémique, encore peu admis par le juge aux affaires familiales.
Un parent est aliénant lorsqu'il instrumentalise l'enfant, l'endoctrine et lui apprend à penser contre l'autre parent. L'enfant est pris entre deux feux, contraint de prendre parti, souvent quand il n'a pas encore la maturité requise pour un choix judicieux, sauf peut-être en cas de violence conjugale avérée. L'aliénation parentale est dommageable si elle survient avant l'attachement sécure de l'enfant. Les liens rompus se renouent rarement.
L'auteure est formelle : l'aliénation parentale constitue une forme de maltraitance psychologique à enfant. Celui-ci devient un objet de pression ou de chantage. Les enfants de huit à quatorze ans sont les plus manipulables. La psychiatre ne stigmatise personne; le parent aliénant répète peut-être un traumatisme transgénérationnel, reporté sur l'enfant.
N'empêche, la progéniture embarquée dans la tourmente d'une séparation parentale vit un stress permanent avec des effets neurobiologiques et un impact sur sa socialisation. Marie-France Hirigoyen s'emploie à détailler les conséquences néfastes d'un conflit violent avec époux, - violence physique, verbale ou les deux - sur le développement de l'enfant. Elle suggère des moyens de protéger les enfants de la séparation, en puisant dans les appareils judiciaires étrangers, des dispositifs axé sur la médiation et le consensus plutôt que sur une guerre des tranchées. Une telle approche implique la coopération entre avocats, psychologues et juges. L'idée est de responsabiliser les parents avec le bien de l'enfant en point de mire.
En préalable, un chapitre sociologique établit que - malgré l'évolution des rôles au sein d'un couple, en vue d'une coparentalité plutôt que le partage classique des taches entre mère et père - la véritable égalité femmes-hommes est encore insatisfaisante en matière de prévention des violences. La femme subit, se tait, soucieuse de protéger son enfant et son couple.
Les juges visent à maintenir le lien de l'enfant avec ses deux géniteurs et évitent de trancher clairement, par manque de temps et de moyens. Heureusement les législations sur les séparations entérinent les évolutions de la société. Un chapitre détaille la loi et ses lacunes. Les autorités recourent régulièrement à la sagacité de Marie-France Hirigoyen pour établir de nouveaux textes législatifs, notamment sur les violences conjugales (emprise) et antérieurement, sur le harcèlement moral, l'oeuvre d'une pionnière.
En outre, cinq pages de conseils aux parents et une description précise de l'emballement des conflits autour de la séparation érigent cet essai en lecture indispensable, dans une société où l'on se sépare de plus en plus vite, de plus en plus jeune, où l'enfant occupe une place majuscule au sein de la famille. C'est de lui qu'il faut d'abord se soucier, car une séparation mal vécue est souvent dramatique et le marque à vie.
Dire qu'à mon âge vénérable, j'en suis encore à vouloir comprendre le séisme qui m'est tombé dessus un triste jour de décembre.
Merci Madame d'avoir éclairci ma lanterne. Bravo de continuer à défricher de nouvelles voies juridiques pénalisant des comportements jusqu'ici subis dans le secret, la honte et la culpabilité.



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