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Critique de jmb33320


« Patrocle s'approche, le pique de sa lance à la mâchoire, à droite, et passe à travers les dents. Alors, avec la lance, il le soulève et le tire par-dessus la rampe du char, comme un homme assis sur un cap rocheux tire hors de la mer un énorme poisson avec un fil de lin et un bronze luisant ; de la même façon, il tire du char l'homme, bouche ouverte, avec sa lance éclatante, puis le rejette à terre, la face en avant, et, dès qu'il est à terre, la vie l'abandonne. »

Première constatation : L'Iliade, c'est vraiment gore ! Ce conflit qui s'éternise devant les remparts de la ville de Troie (plus de dix ans) voit s'opposer Achéens et Troyens, sous la surveillance des dieux, eux-aussi divisés sur son issue. D'un côté, près de la mer, les Achéens ont leurs embarcations, auxquelles ont été ajoutées des baraquements provisoires et des fortifications. En face, dans la plaine, la ville de Troie. Des combats d'une grande violence s'y tiennent. A se demander comment au bout de dix ans il reste suffisamment de monde pour s'entretuer…

Deuxième remarque, l'Iliade est vraiment le reflet d'une mentalité archaïque, qui laisse libre cours à sa soif de colère, de meurtres et de sacrifices. Elle est souvent déconcertante. Par exemple, si les déesses se révèlent pugnaces, les mortelles ont une place purement utilitaire et décorative. Seule compte leur valeur marchande, mais elles passent visiblement bien après les trépieds (je ne suis pas parvenu à comprendre pourquoi ces objets utilitaires ont une telle importance), les chars, les chevaux et les armes.

Nos amis les animaux sont tout aussi maltraités. Les dieux grecs sont avides de sang et du fumet de viandes rôties, tout comme les mortels. Un cauchemar de végan, donc.

Malgré ce fort décalage spatio-temporel, je suis parvenu à m'intéresser à ce texte fondateur (d'où les cinq étoiles), si étrange et barbare. Les images poétiques sont essentiellement marquées par la nature : oiseaux, fauves, puissance des éléments. Les rapports entre les dieux, et des dieux avec les mortels dont ils sont parfois les géniteurs, ne sont pas simples. Là c'est plutôt l'image d'une organisation mafieuse qui s'est imposée à moi !

En conclusion, si vous voulez du dépaysement tentez l'Iliade. On est loin du feel-good.
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