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Critique de mollymonade


Yael échappe de peu à la mort lorsque, lors d'une attaque terroriste en plein centre de Jérusalem, un bus explose juste devant sa voiture. L'événement agit sur elle comme un catalyseur faisant resurgir de vieilles angoisses. Hantée par les cris, l'odeur de brûlé et l'image d'une fillette assise à l'arrière de ce bus, elle peine à surmonter le traumatisme qui bouleverse sa vie.
Doctorante en anthropologie, ses recherches universitaires l'amènent à assister régulièrement à des funérailles et lors de l'une de ces cérémonies, Yael rencontre un homme qui a perdu sa femme et son enfant dans l'attentat dont elle a été témoin. Elle est laïque, plutôt de gauche, et lui est ultra orthodoxe. Tout les oppose mais elle ne peut s'empêcher de fantasmer sur cet homme inaccessible dont elle s'imagine qu'il pourrait être la planche salut dont elle a tant besoin. Non, la suite n'est pas une prévisible et fadasse romance sentimentale mais le récit d'une guerre intérieure pour parvenir à obtenir une liberté sans malédictions ni obsessions.

Le temps d'un hiver dans une ambiance de froid, de saleté et de bruits incessants, Shifra Horn porte un regard assez sombre sur la vie en pleine intifada avec la peur, le danger, la mort et le deuil pour toile de fond. S'appuyant sur les conséquences du syndrome post-traumatique, son roman exprime les diverses opinions concernant la situation, donnant une résonance toute particulière à cette "ode à la joie" profondément enracinée dans la réalité du pays.
Une lecture intéressante à bien des égards mais qui m'a légèrement agacée en montrant une fois de plus la propension du peuple israélien à se regarder le nombril et se lamenter sur le sort de son peuple en rappelant sans cesse les traumatismes de la Shoah et/ou des attentats terroristes. A croire que l'état hébreu n'a pas gardé le souvenir de ceux perpétrés par les organisations armées sionistes et des massacres dans les villages arabes lors la Nakba qui reste une plaie ouverte pour le peuple palestinien. Seule l'amie de Yael, militante du mouvement La paix maintenant, comprend que les habitants des territoires occupés souffrent eux aussi de traumatismes- sans parler des violences quotidiennes exercées par les soldats de Tsahal- et aient envie de se rebeller contre le pays "cruel et colonisateur" qui les opprime. Ce qui lui vaut d'être considérée comme atteinte du fameux syndrome de "la haine de soi", donc pas tout à fait saine d'esprit...

Yael dit : « A l'époque où j'étudiais à la fac, je croyais que les deux peuples, le nôtre et le leur, devaient oublier les morts au combats, la haine, et les désirs de vengeance. L'oubli, pensais-je alors, étais la condition sine qua non d'une solution au conflit israélo-palestinien. »
N'ayant pas une connaissance suffisante de tous les tenants et aboutissants de ce conflit, j'essaie de rester neutre face à ce sac de noeuds. Je ne me sens donc pas autorisée à me montrer pro ou anti quoi que ce soit mais je trouve parfois difficile de ne pas s'indigner devant certaines situations particulièrement révoltantes, et le conflit vu de cette façon un peu trop oublieuse de ses origines en fait partie.
C'est bien beau de prôner le devoir de mémoire mais encore faudrait-il que cette mémoire ne soit pas trop sélective...
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