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Critique de YvesParis


Il est de bon ton de critiquer le dernier Houellebecq.
Les fans des Particules élémentaires y voient une oeuvre mineure, annonciatrice de l'inéluctable déclin du grand homme ; les contempteurs du prix Goncourt, un énième ressassement de sa veulerie beauf.

Je ne crierai pas avec les loups. Pour trois raisons.

1. le style. Houellebecq écrit bien. Fichtrement bien. Avec l'air de ne pas y toucher. Et pourtant avec un perfectionnisme qui force d'autant plus l'admiration qu'il a l'humilité de ne pas se laisser voir. Loin de la prose prétentieuse d'Ono-dit-Biot ou de la simplicité rêche de Toussaint, Houellebecq nous offre un vrai plaisir de lecture. Son cynisme lui évite la morgue ou le didactisme. La profondeur de ses références - et je me fiche qu'elles aient été pompées sur Wikipédia dès lors qu'elles sont articulées avec intelligence - lui fait échapper à la superficialité.

2. le sujet. Houellebecq a le don de disséquer notre société. D'appuyer là où ça fait mal. Il raconte comment la victoire au second tour de l'élection présidentielle d'un Musulman modéré face à Marine le Pen entraîne l'islamisation bon enfant de la France. Pour autant, Houellebecq n'est ni Nostradamus ni Éric Zemmour. Son roman est une fiction et peu importe qu'elle se réalise ou pas (reproche-t-on à Orwell que 1984 ne ressemble pas à son "1984" ?)

3. le titre. Comme on le sait déjà, le héros du roman est un Sorbonnard dépressif, spécialiste de J.-K. Huysmans, qui se convertit lentement aux valeurs du nouveau régime. Pourtant, quand on referme le livre, on est pris d'un doute : s'agit-il d'une prophétie amère et pessimiste ? ou au contraire d'un appel à l'insoumission comme le titre du livre, qu'il faudrait lire en creux, nous y exhorte ?
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