Un recueil de poésies d'un
Victor Hugo qui est encore un jeune poète, pas encore le maître et le chef du romantisme au théâtre. Il cherche donc peut-être de nouvelles formes pour se faire connaître et révolutionner l'art. On le voit dans la musicalité des vers, avec un jeu très poussé sur les sonorités et sur les longueurs - le poème "Djinns" est assez connu pour cela, à juste titre, il faut le lire à voix haute.
J'ai aussi bien apprécié la préface, où il se justifie de choisir l'Orient, pour ses images évocatrices - on est en plein dans ce que
Edward Saïd nommera l'orientalisme. C'est d'ailleurs un orient qui va de l'Espagne au Danube, en passant par l'Empire ottoman, les Balkans plus que le Maghreb. Effectivement, rien ne manque, du sable du désert, aux fontaines des oasis, des esclaves voluptueuses du harem, à la peau cuivrée ou diaphane, aux sabres dégoulinant de sang noir et rouge, dans un croisement incessant entre sensualité - qui est presque de l'érotisme - et violence, de l'héroïsme des Grecs aux massacres des conquérants turcs...
Car oui, ce recueil s'inscrit dans un contexte, la vague d'hellénisme qui touche l'Occident suite aux combats pour l'indépendance de la Grèce - des références qui m'ont parfois manqué. Enfin, il est révélateur de l'évolution politique de Hugo : le poème "Lui" montre que tout ramène au géant de ce siècle, Napoléon. Même en parlant d'Orient, le poète pense au conquérant.
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