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Critique de Noetique01


Husserl reconnait le mérite de Brentano quand celui-ci décrit le présent comme modification du passé, mais celui-ci tombe encore dans une impasse psychologique empiriste lorsqu'il se contente d'envisager le temps comme une succession de contenus. Sa théorie est la suivante : la conscience du temps est une succession de moments qui chassent le moment qui précède, de telle sorte que ce moment-ci ne soit plus réel (seul le présent l'est). Husserl le refuse précisément : non seulement ces contenus sont réels, mais sa théorie ne permet pas de rendre compte des différentes unités temporelles. Dans l'exemple bien connu d'une mélodie, on ne pourrait avoir conscience de la mélodie si la forme d'un son en chassait un autre, mais on ne peut pas non plus supposer que les contenus des différents sons soient présentés tout à la fois (ce qui donnerait une cacophonie et même une contradiction). Sa phénoménologie lui permet de développer une conception de la conscience intime du temps assez subtile mais assez claire. En fait, Brentano ne distingue pas clairement la forme temporelle et les contenus temporels : dans l'immanence de la conscience intime du temps, la rétention d'une perception (ou impression originaire) n'est pas la sauvegarde d'un contenu dans le présent, mais une forme intentionnelle qui vise passivement ce qu'il vient de se produire à titre de contenu passé. La rétention n'est pas un acte à proprement parler. En tant qu'intention (passive), elle est vide de contenu : elle est conscience de ce qu'il vient de se produire, elle ne représente pas le passé dans un présent, mais est conscience du passé comme tel. La protention, tournée vers le futur, suit également ce schéma. de rétentions en rétentions, l'on obtient une continuité immanente. le temps immanent peut ainsi s'écouler sans que les contenus temporels ne se chevauchent contradictoirement et sans que les unités temporelles deviennent impossibles. C'est différent pour le ressouvenir (et, vis-à-vis du futur, l'attente), qui est précisément une telle re-présentation, une telle re-production. le ressouvenir fait encore partie de l'immanence de la conscience intime du temps. Mais il est autonome par rapport à la perception et à l'impression originaire : il s'agit d'un tout autre type d'intention, qui suppose néanmoins au préalable la rétention. le ressouvenir assure une unité objective au sein de la conscience du temps (au même titre que l'attente). le jugement est un cas intéressant. Quand je juge que 2 fois 2 font 4, ce qu'il se forme dans l'immanence de ma conscience du temps n'est pas l'ensemble du jugement, mais le 2 fois 2. le 4 n'apparait là qu'en tant que visée.
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