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Critique de Prailie


Un livre curieux, quelque part entre l'essai théorique, la confession, la fable .... entremêlant des considérations sociologiques sur la perte de séduction des femmes quarantenaires, des éléments autobiographiques très intimes, et finalement le récit d'une résignation au célibat, mais traitée sur le mode émerveillé d'une rencontre amoureuse avec soi-même.
Cette dernière partie un peu trop bavarde, un peu trop "exercice drolatique ", il faut bien l'avouer.
Hymne forcené au repli individualiste, dans la tendance de l' époque? Ou bien tout au contraire, parodie de l'amour de soi, poussé si loin, avec un tel luxe de détails, que c'est forcément pour de rire. A ne surtout pas prendre au sérieux.
Je me garderai bien de trancher..


Une sorte d'hybride littéraire, en tout cas.
Il vaut par un mélange de sincérité écorchée et d'objectivité "scientifique". Par sa lucidité féroce ( l'auteure se vit comme périmée sur le marché de l'échange amoureux; se qualifie cruellement de "vieille" , réduite comme toutes les femmes de son âge aux partenaires de deuxième choix, dont elle dresse la typologie....).
Et aussi par quelques jolies formules, non dénuées d'humour - par exemple quand elle parle de sa petite chienne Igrecque, si laide qu'elle l'a achetée "soldée".


Le recommanderais-je pour autant , ce livre ?
Pas sûr.


Car c'est probablement pour des raisons "impures, pour ainsi dire "people" qu'en définitive il m'a intéressée : à savoir, l'envie de mieux cerner cette étrange chimère post-moderniste qu'est Marcela Iacoub. Cette intellectuelle [juriste et sociologue, je crois, par ailleurs "vegan" passionnée ] qui a mis le Sexe au coeur de sa réflexion, et qui de publication en publication ne cesse de développer d'ébouriffantes théories sur l'avenir du couple, la procréation, l'éducation en kibboutz des enfants, la prostitution sans entraves, le jouir ensemble, le manger cochon - voire l'explosion des serial killers, en conséquence quasiment nécessaire de la libération sexuelle.
Tout en déroulant sur nos écrans de suaves inflexions de voix, doublées de torsions de cou, de battements de paupières , qui pendant longtemps me faisaient davantage penser aux actrices de charme, pour ne pas dire pornos, qu'à une directrice de recherches au CNRS, ce que pourtant elle est également. Et dans certaines émissions de divertissement à grosses blagues, semblait toujours en train de draguer ou se laisser draguer, au point se susciter les moqueries bien grasses de la part des comparses de service...
En de certaines occasions, pourtant, beaucoup plus fleur bleue, moins révolutionnaire qu'on ne s'y attendrait: confessant des attendrissements de midinette, une fidélité conjugale de quinze ans; déplorant (?) la fin du mariage bourgeois, qu'elle appelle "napoléonien", qui au moins assurait la pérennité des couples.


Je dois l'avouer, ce n'est pas tant son livre que le personnage de cette Marcela qui a piqué ma curiosité, et en définitive m'a retenue . Ses raisonnements "scientifiques ", ses pseudo-statistiques ne m'ont guère édifiée, et rien appris, je crois sur la fragilité des couples. Ses variations acrobatiques sur le thème " Je est un autre, et cet Autre est pour moi la meilleure des compagnies possibles, et voici comment nous vivons ensemble, bien au chaud dans notre petit nid d'amour" .... À vrai dire, ça m'a paru un peu longuet.
Mais celle qui se qualifie elle-même d''"ancienne coquette" avoue ses failles narcissiques avec tant de lucidité , se met à nu avec une telle franchise que dans les deux premières parties elle m'a intéressée, et touchée.
C'est d'une autre oreille, je le pense, que j'écouterai désormais ses élucubrations libertaires. Car elle vit sur une planète intellectuelle assurément très très éloignée de la mienne; ses théories sexuelles audacieuses m'ont bousculée souvent, hérissée quelquefois ... Mais en tant que personne, elle me parle. Un peu comme une bonne copine qu'on fréquenterait d'un peu loin : une fille un rien excentrique , dont on ne partage pas toutes les idées, bien loin de là , mais qu'on aime bien quand même, et dont les outrances, les dérapages, finalement vous donnent matière à penser. (D'ailleurs j'en ai une, de copine, exactement sur ce modèle: vegan, déjantée, marrante, et qui adore les chiens!).

.....
NOTA BENE: Quelqu'un peut-il m'expliquer pourquoi ce titre s'est enregistré non pas sous le nom de Marcela Iacub, mais sous celui d'un mystérieux "M"
Parce qu'elle a écrit un "M le mari", qui paraît-il est un très bon thriller?....
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