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Critique de ClaireG



Jack London a été très tôt livré à lui-même. de San Francisco où il est né, il connaît tous les recoins du port et de ses entrepôts, les bars et le whisky qui ne le lâchera plus, les parcs à huîtres qu'il pille, et surtout la bibliothèque qui fera de lui un autodidacte acharné. A 20 ans, il a lu Marx et Darwin. Il survit grâce à toutes sortes de petits boulots et, en 1897, lorsque la rumeur rapporte que des coulées aurifères ont été découvertes dans le Grand Nord, il s'embarque immédiatement pour le Klondike.

Il n'y reste que deux ans, ne se sent aucune vocation de chercheur d'or mais explore passionnément cet environnement étrange où vivent des Indiens qui observent avec étonnement puis avec colère, les bienfaits de la civilisation. « Aussi loin que l'oeil pouvait porter, jusqu'aux bords des crêtes environnantes, on voyait ces êtres en train de percer, de déchirer et de défigurer la nature » (p. 181).

Il reviendra aussi pauvre qu'à son départ mais la tête remplie d'histoires, réelles ou imaginaires, qu'il jette frénétiquement sur des kilomètres de papier.

Les Enfants du froid retracent la vie au bord du Yukon, l'avidité et la rudesse des aventuriers de l'or, leur vie rudimentaire et alcoolisée, leurs espoirs et leurs déceptions mais surtout sa fascination pour les Indiens qui vivent selon les lois de la nature.

Personne ne connaissait les réalités de cette terre inconnue. Jack London en a fait de multiples récits. A l'écoute des natifs, ce qui le touche le plus c'est leur adéquation à la nature, à tout ce qui y vit et leur acceptation de la mort.

Ce livre est un recueil de dix nouvelles qui balaient d'un faisceau très visuel les vicissitudes, les épreuves et les souffrances des Blancs et des "Rouges". Sa manière de raconter ce qu'il a vu et vécu parmi les Indiens, leurs moeurs, leur mode de vie, leurs croyances, leur justice, peut s'assimiler à un travail ethnologique.

Mes nouvelles préférées sont Li-Wan la belle, jeune Indienne aux rêves troublants depuis l'enfance. Lorsqu'elle rencontre des femmes blanches, elle n'a de cesse de leur montrer qu'elle est de leur race avec les quelques mots rudimentaires que sa mémoire a retenus. Son mari la ramène brutalement à la réalité.

L'autre c'est La mort de Ligoun, vieux chef fort respecté qui réunit les tribus alentour pour un plaidoyer sur la nécessité d'établir une paix durable entre elles. le rassemblement commence par « la gourde de l'amitié », un quass amélioré propre à échauffer les esprits et finit dans un bain de sang.

Une préface remarquable de Jeanne Campbell Reesman, chercheur et professeur à l'université du Texas, spécialisée dans les écrivains réalistes et naturalistes de la fin du XIXe siècle et du début du XXe, ouvre brillamment cette édition Phébus Libretto, traduite par Louis Postif.

Un grand merci à Erik35 qui m'a conseillé quelques titres de Jack London et qui m'a ouvert les yeux sur l'oeuvre de celui qui s'obligeait à écrire mille mots par jour, ni plus ni moins.
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