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Critique de Merik


Merik
25 septembre 2018
Terminus, tout le monde descend. Enfin ceux qui sont montés, et je suppose qu'ils ne sont pas nombreux tant le livre fleure bon la discrétion et le plaisir d'invité via la création collective et associative, plaisir pour le lecteur de tenir un objet semblant tombé du ciel, sur un sentier pas souvent battu. Une statistique vue je ne sais trop où disait qu'un certain pourcentage (plutôt élevé) de lecteurs lisait un certain pourcentage (plutôt faible) de livres similaires. C'est plutôt vague, je sais, comme stat. Tout ça pour dire qu'il y a beaucoup de livres qui ne sont pas lus, ou peu. Sans parler de ceux qui ne sortent pas du carton chez le libraire, ou de ceux qui ne sont pas parus. Ni de ceux qui ne sont même pas écrits (ce sont souvent des chef-d'oeuvre absolus d'ailleurs).
Bref (variante de terminus, titre de ce recueil de nouvelles sur le thème du dernier).
le livre est donc collectif, je re-précise, et non pas de Philippe Jaenada exclusivement (et même si la première nouvelle est de lui, dans laquelle il nous explique ses réticences à voyager de peur, non pas de l'inconnu à destination mais de l'inconnu au retour (c'est à dire au départ). Parce que ça peut bouger au niveau de son univers personnel, quand on s'absente. Une première mise en bouche sympathique, avec le style si caractéristique de l'auteur fait de parenthèses imbriquées. Fin de la mienne).
L'ambiance du deuxième wagon m'a enchanté, humour noir et absurde, où la peur rôde encore, une peur non conventionnelle puisque associée à la phobie du bonheur, similaire à la peur de vivre. Ça peut mener loin cette affaire, autant vous prévenir. Il semblerait que le narrateur de François Szabowski ne s'en soit pas encore remis.
Troisième wagon (il y en a onze je préviens, la longueur de ma critique sur Babélio est bien partie pour être inversement proportionnelle à celle du livre (selon la moyenne du rapport), et faire ainsi partie des 2,17 % d'après une stat très précise que je viens d'inventer) : tout Montluçon ou presque est là, le père Métivier, Randolphe le maître d'école, Faquin le tisserand, Giboulon le menuisier ou Frison le savetier entre autres, on est en 1789 et une congrégation de mangeurs d'un pain de seigle mystérieux, procurant lumière et gloire, divise la ville en adepte de cette secte, ou pas. de là à faire le lien avec l'hostie, Herschel Jean-david ne le dit pas vraiment... Mais ça n'a peut-être rien à voir, allez savoir.
Contraste contraste, pas grand monde au quatrième sinon le narrateur de Jean-Luc Manet, un voyageur solitaire, néo papi pas vraiment ravi de l'apprendre (qu'il est papi). La fugue en voiture est solitaire, parsemée de réflexions sur la jeunesse dans un bar de la ville d'Amiens où il est allé se réfugier.
le dernier métro de Laurent Banitz vous mène direct au cauchemar, mieux vaut l'éviter. Pour y entrer pas de souci, c'est d'en sortir qu'il est plus délicat. Certains passagers s'y risquent, à leur risque et péril. le tout avec une pincée d'humour qui pointe le bout du nez (sans se coincer dans les portes), et un éclat de rire à la fin pour ma part.
le wagon du futur de Justine Karamidès cette fois : un Troudu (sorte de glomération d'humains) vit en autarcie et cherche à trouver un autre Troudu, quelque part après une catastrophe on suppose, vu qu'il reste une bagnole, et un bidon de sence pour la faire rouler. Enfin, s'ils y parviennent, ils ont pas le mode d'emploi.
Ne cherchez plus le dernier homme libre, il est avec Stéphane Monnot dans le 7ème wagon. Ancien trader, reconverti dans la liberté suite à l'achat d'une vieille ferme. C'est là que les ennuis commencent, certains comme le Texan n'aiment pas trop sa trombine par là-bas.
Si on est dans le 8ème wagon avec Guillaume Couty, le narrateur est quant à lui empêtré dans un immeuble de 50 étages à la recherche du quitus fictif au service des admissions. Un brin Kafkaïen, ou peut-être Borgesien, univers glauque et angoissant à tout le moins.
Beaucoup de couples et de bébés dans le 9ème, sous l'éclairage de Gilles Marchand. le narrateur quant à lui semble ne plus avoir toutes les lumières disponibles à l'étage cérébral.
Quant aux 2 derniers wagons, ça sent la fin et on s'en doute. Un enterrement à Bordeaux sous la plume de Marie van Moere, passage de l'autre côté du narrateur en personne pour Antoni Casa Ros. Terminus.

Un grand merci à Masse critique et aux éditions aNTIDATA pour la découverte de ce très agréable recueil de nouvelles.
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