AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Acerola13


Je poursuis ma découverte de la collection Arts équestres aux éditions Actes Sud : après les deux ouvrages le Quarter Horse Américain le Cheval Appaloosa, c'est au tour du cheval barbe d'être décrypté...Heureusement moins sous le prisme de la génétique et des stud-book, et bien plus sur son histoire et son utilisation au Maghreb et en Europe !

L'auteur Yassine hervé Jamali rappelle dès les premières pages son cheval de bataille : il se défend de l'appellation généralisée de "cheval barbe" pour tous les chevaux africains quelle que soit leur morphologie, pratique qui jure effectivement avec tous les autres continents où les chevaux se déclinent en innombrables races. Il explicite en premier lieu que contrairement aux croyances jusque-là, de nouvelles fouilles archéologiques démontrent une présence du cheval en Afrique, qui n'aurait donc pas été importé d'Asie via l'Egypte par les Hyksôs.

Entre anecdotes historiques et convictions personnelles, l'auteur tente de redonner ses lettres de noblesse au "vrai" cheval barbe, le "buveur de vent" comme il l'appelle, un petit cheval extrêmement endurant, élevé pour les razzias, aux qualités reconnues par les Romains, les Anglais et en fonction des époques et des modes, par les Français. Il se fait donc l'avocat d'une distinction claire entre un barbe fin et endurant, et une autre race élevée pour le spectacle, la fantasia, allant même jusqu'à proposer une troisième race distincte, l'arabo-barbe.

Au-delà de ces circonvolutions qui donnent lieu à de nombreuses répétitions de la part de l'auteur, le cheval barbe est une vraie mine d'or sur l'histoire de la cavalerie de guerre, mais aussi sur l'utilisation du cheval (razzia, cavalerie lourde, manège, spectacle, traction, course, loisirs...) qui dicta bien souvent l'amélioration et les croisements entrepris. le cheval barbe fut d'ailleurs reconnu comme un excellent reproducteur : il contribua à la suite des invasions arabo-musulmanes à la création des races andalouse, lusitanienne et du genêt d'Espagne, à l'amélioration de la cavalerie française du temps de Colbert, avant que la France n'entame de drôles de tentatives en matières d'élevage, ce qui eût des conséquences stratégiques (mauvaise cavalerie) et commerciales (coût des étalons à importer pour l'amélioration de la cavalerie) tragiques pour l'armée...Il faudra attendre l'invasion française d'Algérie pour que le barbe soit à nouveau porté aux nues par la nation tricolore, avant d'être une fois de plus rabaissé en qualité de monture du vaincu.

Le barbe rejoint son cousin arabe dans les querelles incessantes qui visent à savoir qui créa le pur-sang anglais ; on y apprend au passage les différentes techniques de sélection pour les chevaux reproducteurs : victoires propres, victoires de leur descendants, ou de leurs ascendants. L'épineuse question de l'amélioration de la race barbe par le pur-sang anglais, par le pur-sang arabe, par l'anglo-arabe ou par lui-même se pose aussi...

Un livre très complet donc pour quiconque s'intéresse aux chevaux et à leur histoire ; mais qui agace franchement par moment par les répétitions et le parti pris qui fait sourire. L'auteur aurait pu se contenter d'un peu moins de pages pour son exposé.
Un dernier mot sur le regard du vainqueur sur le vaincu qui change la narration de l'histoire : l'histoire du cheval barbe et la manière dont il fut dénigré reste effectivement intimement liée au regard qui fut celui de la colonisation française sur l'ensemble du Maghreb...Intéressant d'en retrouver les biais jusque chez les chevaux !
Commenter  J’apprécie          00







{* *}