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Critique de nilebeh


Bingo Mwalo a quinze ans, on le prend pour un petit garçon du fait de son retard de croissance mais il a tout d'un grand : il court comme une gazelle pour livrer leur drogue aux touristes blancs et aux autres, il fait partie d'un réseau dirigé par un boss brutal lui-même sous les ordres d'un roi de la pègre. Et aussi, il sait « labourer » les filles... !

Sa vie va changer le jour où il assistera au meurtre du super-chef, le jour où il comprendra que sa future mère adoptive n'est qu'un escroc en jupons, le jour où lui-même se croira marchand d'art. C'est là que les choses deviennent un peu surréalistes : caché dans un orphelinat, il est convoité pour adoption par une Américaine pomponnée, assistée de son avocat. A quinze ans, le voilà « adoptable » ! Et il tombe sous le charme parfumé, manucuré, brushingué de sa bienfaitrice. Avec qui, quand même, il engage une partie de poker menteur dès lors qu'il est question de s'accaparer les oeuvres d'un artiste disparu dont les tableaux font fureur aux States et qu'il sait, lui, localiser !

On aura compris que la vraisemblance n'est pas le plus important dans ce livre mais bien plutôt le tableau que fait Levine de la vie des gamins des rues dans les banlieues de Nairobi. de bidonville en hôtel de luxe, d'une pyramide de déchets où fouillent les miséreux aux bureaux ouatés des hommes de loi, d'un orphelinat sordide à l'enfer de la prison, Bingo n'est pas seulement un coureur de génie, c'est un condensé d'expériences, un bagou rigolo, un élan permanent vers un ailleurs qu'il pense meilleur.

Bingo's run, c'est aussi une réflexion sur le masque : masque posé sur le visage de l'enfant devenu homme, scarifications sur son visage adulte coïncidant avec le masque de bois, masque de douceur et de bonté d'une Américaine et d'un prêtre pleins de duplicité, masque de séduction d'une femme de chambre traîtresse etc...Finalement, ce sont peut-être les truands qui se cachent le moins derrière des masques...

Quelques tableaux restent dans la mémoire du lecteur, sordides, effrayants, déroutants. «  A Nairobi, la mort est un mode de vie »... Hélas transposable à Johannesburg, à Manille, à Rio, à Calcutta....

Un livre intéressant, drôle et émouvant tour à tour. Merci aux éditions Piranha pour cet envoi.
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