Parfois j'aime lire des romans que plus personne ne lit, dont la plupart ignorent l'existence et qui n'est plus nulle part disponible sauf en occasion.
Pourtant, dans l'édition de la collection Marabout de 1974, joliment illustrée par les gravures de l'édition de 1842, le roman de
Jules Janin est désigné comme étant 'Une des grandes oeuvres de la littérature romantique française'. En plus, en guise de critique littéraire,
Balzac en a écrit le trentième chapitre, publié dans le journal le Voleur en février 1830.
Que s'est-il donc passé pour que ce roman de
Jules Janin qui a vu le jour en 1829 soit si entièrement tombé dans l'oubli, que ni Folio Classique ni
Livre de Poche daignent le rééditer ?
Est-ce parce que
Jules Janin s'oppose aux vues du sacro-saint Hugo sur la peine de mort ? Ou parce que dans ce roman nous ne savons pas trop si l'on a affaire à une véritable histoire romanesque, ou plutôt à un inventaire de tout ce que le Paris romantique de 1830 offre de lugubre, de misérable et d'affreux ?
N'importe... le narrateur, lui, poursuit tranquillement son chemin. Chemin qui mène la plupart du temps sur la route de Vanves, au cabaret du Bon Lapin. Car c'est là où le narrateur a aperçu la belle Henriette et son âne Charlot. L'idylle qu'il s'est imaginé se transforme vite en cauchemar depuis que Henriette s'embourbe dans la fange parisienne.
C'est justement au goût du morbide, du noir, de l'exaltation de toute cette littérature romantique qui prolifère au début du 19ème siècle que le narrateur oppose les vrais lieux d'épouvante, choquant peut-être le lecteur, qui se réalise tout à coup que l'horreur se trouve à côté de son domicile, et non seulement dans les romans qu'il peut acheter dans les galeries du Palais-Royal. Ainsi passent en revue la Barrière du combat, l'hôpital des Capucins (pour les maladies vénériennes), la Salpêtrière et le cimetière de Clamart.
Roman à découvrir par tous les balzaciens et amoureux du roman noir.