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Critique de Nastasia-B


En France, il est peu ou pas connu. En Finlande, c'est une institution nationale, un peu comme Tintin pour les Belges ou Astérix pour les Français. Mumin (Moomin en anglais ou Moumine en français) s'affiche partout et il y a même un grand parc dévolu à son univers, non loin de Turku, juste en face de la résidence d'été du président finlandais. Pas un enfant n'ignore Mumin et les adultes le vénèrent comme un patrimoine national.

Né dans les années 1950 du crayon de Tove Jansson, une auteure finlandaise suédophone (les suédophones ne représentent que 8 % de la population finlandaise), Mumin, espèce de troll étrange toujours en quête d'amitié et d'un peu d'argent pour vivre, va devenir en quelques années une icône.

Pourtant, avec son faciès d'hippopotame blanc, il n'est ni très beau, ni très fort, ni très malin, ni très habile. Il lui arrive surtout des mésaventures dans un univers souvent surréaliste, mais il est terriblement attachant et l'on compatit à ses déconvenues car il est véritablement un gentil, qui se fait avoir trois fois sur quatre, mais qui de temps en temps, sur un malentendu, s'en sort très bien.

Tove Jansson parvient à créer avec une étonnante économie de moyens (trait noir et gris optique) tout un univers mi réaliste mi surréaliste tout-à-fait à part de tout ce que l'on connaît, parfois un peu cauchemardesque bien que non dénué de comique, avec un double, voire un triple niveau de lecture (enfants-ados-adultes).

Je ne sais si le fait d'être lesbienne dans des années où la société n'était pas encore prête à tout accepter est responsable du côté grinçant ou de l'humour pince-sans-rire des bandes (il s'agit au sens propre de bandes dessinées) car on sent filtrer à travers l'étrangeté de cette BD certaines angoisses, certaines revendications ou coups de gueule, certaines prises de position, non pas sur la question homosexuelle bien sûr, mais de façon générale.

Contrairement à Goscinny qui faisait se terminer ses histoires de Lucky Luke ou d'Astérix par la même dernière case, ici c'est la première case qui présente toujours en gros plan les fesses de Moumine, c'est-à-dire un cercle, dont on n'apprend qu'à la case suivante que c'est le héros penché et non un ballon ou un couché de soleil.

Bref, c'est vraiment très particulier et l'on comprend aisément que ce volume ait reçu le prix du festival d'Angoulême en 2008 dans la rubrique patrimoine.

Ce volume regroupe sept histoires de Moumine et je vous conseille de commencer par ce volume car l'on y fait la connaissance successivement des divers personnages qui constituent l'univers si spécial de cette série ; bien évidemment les Moumines eux-mêmes, outre le héros il y a aussi Papa et Maman Moumine, ainsi que la « belle » Mademoiselle Snork.

Mais il y a aussi une somme de créatures bizarres comme Snif, le meilleur ami de Moumine, sorte de kangourou roublard, Stinky l'affreuse boule de poils malodorante et grignoteuse intarissable ou Ombre, un quasi suricate de couleur noire toujours caché dans un coin des cases, ou encore les Hatifnattes, sortes de dizaines de mini bonshommes à allure d'asperges, sans oublier l'énigmatique et flegmatique Monsieur Snufkin, dont on ne sait trop dire s'il s'agit d'un homme ou d'un épouvantail à moineaux fumant la pipe.

Comment vous dire, on a le sentiment que les créateurs de Shrek, des Gremlins ou de Star Wars ont puisé abondamment dans l'univers un peu déjanté de Tove Jansson pour peupler leurs aventures de créatures bizarres. À découvrir, pour son originalité et plus si affinités, mais ce n'est là que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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