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Critique de Arthemyce


Toujours d'actualité près d'une décennie après sa parution – même plus que jamais –, cette BD caustique tape dans le mille en illustrant l'absurdité de notre total aveuglement face aux défis environnementaux.

En quelques 220 pages, des cases colorées tentent par des situations totalement burlesques de mettre un coup de projecteurs sur les incohérences néfastes de notre mode de vie parasitique.
Deux fillettes discutent du meilleur moyen de « sauver le monde ». La plus optimiste des deux, évidemment la moins bien informée, se trouve avoir du mal à appréhender l'ampleur du défi. Le découragement et la tristesse sont grands à chaque désillusion : on ne sauvera pas la Terre – ou plutôt la vie* – en changeant notre éclairage par des ampoules basses consommations et en urinant sous la douche (pas en même temps bien sûr) ; douche qu'on écourtera par ailleurs…
Evidemment ces petits gestes quotidiens sont un début, peut-être même une source de motivation pour faire plus, mais leur impact est si dérisoire sur la pollution, majoritairement industrielle, qu'il ne s'agit en réalité que de placebos. Seul, à l'échelle individuelle, nos micro-écolo-objectifs ne sont qu'un écran de fumée nous distrayant des enjeux réels.
Non, le problème, évidemment, c'est le « système ». Ce système, c'est bien sûr le mode de production capitaliste qui, par définition, s'accapare les ressources et fait passer les profits avant la vie ; la vie qui n'est en soi qu'une marchandise comme les autres aux yeux de certains…
C'est bien ce que nous montre ces Robots « planètophages », corrompant, à coup d'excrétions en or massif, le pédant Président des USA – « gérant du plus con des continents », pour ceux qui suivent.

Devant la menace – réelle, insistante, incessamment croissante – ce sont donc les animaux, premières victimes de notre (sur)consommation, qui ouvrent la rébellion. Bunnista, ce lapin borgne téméraire, qu'on comprend rescapé d'un centre de tests sur animaux, fait sauter un barrage pour sauver une rivière et son écosystème; il organise la libération de ses camarades-cobayes !
L'heure est grave, les Robots E.T. mangent toute la planète et les Multinationales, jalouses, tentent de récupérer leurs sources de profits… Tout est sale : les négociations sur le sort de toute la planète entre quatre-yeux, la déforestation, les sécheresses, la pollution… En bref la destruction de notre biosphère sciemment et savamment orchestrée par une infime poignée ; Biosphère pour le bien de laquelle il nous faudra, tous, entrer en résistance !

Malgré l'exagération ubuesque, la caricature mordante, des planches bariolées aux traits enfantins, on se surprend à se dire que, bien que d'une bêtise parfois déconcertante, nombre de situations font tristement écho à notre propre et tangible réalité.

Cette BD démange l'esprit comme une piqure d'ortie, espérons qu'elle y accélère la circulation des idées.


* Les humains doivent garder en tête que ce n'est pas la Terre qui doit être sauvée : la Terre n'est qu'un bloc de roche recouvert en partie d'eau et de vie. le réchauffement climatique et l'écatombe environnementale ne metteront pas en danger son existence, seule la mort du soleil d'ici 5 milliards d'année le pourra (ou alors une très très grosse collision avec un objet celeste d'ici là). C'est bien la biosphère qu'il s'agit de sauver, et les humains avec.

P.S. : Cette BD n'est pas tout publique et j'riai même jusqu'à dire qu'elle n'est pas pour les béotiens de l'environnement/politique. Le puissant parti-pris peut parraître aggressif (et donc dissuasif). Il l'est, en réalité, bien moins que l'aggression permanente que représente notre mode de vie pour la biosphere.
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