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Critique de deidamie


"Bonjour les Babélionautes! Aujourd'hui, on part en Corée avec un roman titré Un bonheur parfait, signé Jeong You-jeong, traduit par Lim Yeong-hee et Suzy Borello.

Or donc, Jiyu, fillette de six ans, vit avec sa maman, Yuna. Ce n'est pas facile, il y a toujours plein de règles compliquées à respecter. Mais Jiyu adore sa mère, alors elle fait de son mieux, de toutes ses forces. Les cauchemars cesseront-ils? Elle l'espère...

Un bonheur parfait est un roman choral à trois voix, chacune liée à Yuna par le sang ou le mariage.

Alors, la première chose que j'ai remarquée...

-C'est la présence de coquilles!

-Pas du tout!

-Quoi? tu veux dire que le bouquin n'a pas été imprimé sous la malédiction conjuguée de Khôkhyass et Hyâd'Efoth, les infernales déités saboteuses de l'imprimé?

-Non! Je veux dire, si! oui, il reste quelques malheureuses scories...

-Moi, ça m'a vraiment sortie de la lecture! Et j'ai horreur d'être interrompue!

-Surtout dans un texte aussi prenant, palpitant et haletant. Bref, non, ce n'est pas la première chose que j'ai remarquée, madame!

-Et c'est quoi, alors?

-La structure. Mes dieux, j'ai a-do-ré le travail de construction de ce roman.

-Ha ha ha!

-Pourquoi tu rigoles, Méchante?

-Mais parce que je trouve ton argument nul, pauvre tache! "Alors c'est drôlement bien parce c'est bien construit." Sérieux, tu me dis ça, j'ai pas envie de l'ouvrir, ton bouquin.

-Laisse-moi terminer! Tu n'as vraiment pas remarqué l'habileté du texte? Tout le long du roman, Mme Jeong alterne faits, présent, passé, réflexions des persos pour te faire comprendre pourquoi le personnage pense de cette façon et comment il en est arrivé là.

Et elle le fait en livrant les informations au compte-gouttes, pour te donner envie de lire la suite, avec une habileté sadique nourrissant une curiosité brûlante qui ne te fait pas lâcher le bouquin!

J'ai adoré comment les choses se révèlent petit à petit. Et comment tu cherches des indices dès le début: "Tiens, je me demande si j'ai raison. Nan mais, je peux pas avoir raison. Ou si? Je me fais confiance ou pas?"

D'où mon argument: la forme de ce texte le rend addictif. Quel magnifique travail! Les voix se superposent, les faits s'imbriquent, il y a des histoires dans l'histoire... bref, je suis enthousiasmée par ce plan!

-Mouais, ça reste quand même un peu léger...

-Dans ce cas, je vais te parler des persos! Toutes leurs voix sonnent juste et crédible. J'avoue que Jiyu m'a beaucoup touchée, sans doute parce que Mini Déidamie n'est jamais très loin de nous et qu'elle y voit une potentielle copine.

Je me suis attachée à eux, j'ai développé de la sympathie pour eux, j'ai croisé les doigts pour qu'ils s'en sortent: aucun ne mérite son sort.

-Eun-ho, le mari de Yuna, quand même, j'ai l'impression qu'il se fait bêtement avoir par une jolie figure...

-C'est possible... mais je pense plutôt que Yuna a pris soin de ne pas lui montrer son vrai visage jusqu'à ce qu'il ne puisse plus partir facilement.

-Moi, j'ai pas aimé la surenchère de violence. Je trouve que ça va trop loin, que l'histoire perd en crédibilité.

-Moui, tu peux le voir de cette façon, en effet... de mon côté, ça ne m'a pas dérangée: c'était comme si les tensions accumulées depuis toute leur vie explosait d'un coup. Pourquoi pas.

-Je me suis sentie manipulée pour me sentir horrifiée tellement ç'allait loin dans les descriptions méticuleuses des souffrances subies! Je n'aime pas ce genre de procédé! C'est pas pour rien que je lis jamais de polar ni de thriller: j'aime pas quand on détaille par le menu les douleurs des victimes.

-Je te comprends, Méchante, cependant, encore une fois... dans cette oeuvre-ci, je pense que cela représente un peu un passage obligé.
J'ajoute que le roman est pourvu d'un mot de l'autrice, ce que j'ai trouvé fort appréciable.

-Gentille, tu disais que c'est un roman choral, hein?

-Oui.

-Ben c'est dommage qu'on n'entende jamais la voix de Yuna, non?

-Non, parce que nul besoin. Toutes les fois où elle s'exprime suffisent bien. Et je trouve aussi stimulant de chercher à la cerner par le regard de ses proches. Elle laisse de toute façon suffisamment d'indices, de signes et de paroles qui montrent ce qu'elle est.

Un bonheur parfait interroge les liens, familiaux et sociaux, et leur puissance. Je me sens fort satisfaite de l'avoir lu ce texte, délicieusement sinistre."
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