AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Foxfire


On connait le tempérament exubérant de Jodorowski. On connait aussi le penchant de Manara pour l'érotisme. La collaboration de ces deux grandes figures de la b.d, sur le thème des Borgia, ne pouvait donner lieu qu'à une oeuvre pleine d'outrance, de sexe et de violence. Jodo + Manara + Borgia ; on ne peut pas dire qu'on est pas prévenu à l'avance. On est même venu un peu pour ça.

Et ce 1er volet tient bien ses promesses. il s'agit d'un tome d'exposition mais il n'est pas avare en péripéties. le contexte est parfaitement dépeint et on est très vite plongé dans le coeur du récit, les luttes de pouvoir, la corruption, les manipulations et la dépravation. Bien sûr, Jodorowski ne propose pas un scénario inattendu. Certains y verront un alignement de clichés. J'y vois une sorte d'exercice de style où le scénariste se serait amusé, sur un sujet fait pour lui, à pousser à leur paroxysme les situations et à volontairement forcer le trait. Jodorowski, avec son exubérance habituelle, ne prétend pas raconter la véritable Histoire mais bien proposer sa version de la légende. Il semble dire au lecteur "tu es venu chercher de la violence et de la luxure, tu en auras, et bien plus encore que tu ne l'imagines". Ce côté exagéré m'a beaucoup amusée tant c'est assumé. Au cinéma, le "Borgia" de Jodo aurait ressemblé à ces films italiens de sexploitation des années 70, à la gratuité assumée et revendiquée. Et j'ai aimé le fait que les personnages deviennent finalement des archétypes, des personnifications du vice, quasiment des abstractions.

Le dessin de Manara est simplement sublime. L'élégance de son trait et de ses couleurs vient subtilement contrebalancer l'aspect outrancier du récit. Les traits sont délicats, les couleurs jamais criardes. Grâce à son dessin, "Borgia", miraculeusement, ne tombe jamais dans la vulgarité. Plus je découvre Manara, plus je l'apprécie, je suis en train de devenir fan. Sur la série "le pape terrible", scénarisée par le même Jodorowski sur un thème similaire, le dessin de Theo Careschi était certes très beau mais n'avait pas l'élégance de celui de Manara et ne venait donc pas faire le contrepoint au scénario outrancier. Ici, Manara réussit à apporter cet équilibre nécessaire. Si Tinto Brass est le "maestro del culo" au cinéma, Manara est incontestablement celui de la bande dessinée.

J'ai donc beaucoup apprécié ce 1er tome de la série "Borgia" et c'est avec grand plaisir que je vais lire la suite.

Challenge B.D 2017
Commenter  J’apprécie          439



Ont apprécié cette critique (39)voir plus




{* *}