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Critique de marina53


Au coeur des montagnes valaisannes, Jeanne grandit au sein d'une famille désaccordée. Un père violent, alcoolique et tyrannique, dont la moindre contrariété, le moindre travers est sujet aux coups ou aux gifles, dont seront victimes aussi bien sa mère, sa soeur aînée ou bien elle. Si celles-ci n'osent répliquer et courbent l'échine, Jeanne, de par l'audace de son jeune âge, osera faire front. Ce qui lui vaudra une belle correction et la visite du docteur qui, malgré ses dénonciations, fera semblant de ne pas voir, encore moins d'entendre. Alors, Jeanne grandit dans la haine et la colère, impatiente de quitter cette famille et ce canton. Installée à Lausanne, près du lac Léman dans lequel elle se ressource, la jeune femme va tenter de se construire une autre vie cahin-caha, malgré sa rage toujours prégnante et cet héritage familial bien trop lourd...

Dès les premières phrases, l'on est happé. Percuté par cette violence. Par les mots de Jeanne... Dans ce canton du Valais, calme, paisible où tout se sait mais aussi où tout se tait, ces trois femmes vivent dans la terreur, sous le joug d'un mari et d'un père violent. Tandis que Claire, la mère, se réfugie dans les romans, qu'Emma se bouche les oreilles, Jeanne, elle, sera sans arrêt sur le qui-vive. À cause de ce père et de ce médecin en qui elle espérait se fier, elle finira, sans se poser de questions, par haïr et fuir tous les hommes. Si elle seule aura réussi à s'enfuir, elle n'en demeurera pas moins meurtrie, blessée, méfiante, sachant pertinemment que cette colère et cette rage enfouies finiront par entacher ce qui aurait pu être beau, malgré ce semblant de sérénité, malgré la douceur des caresses. Sarah Jollien-Fardel, dans ce court roman incisif, d'une intensité rare, évoque, avec force et sans concession, le long et terrible cheminement de Jeanne vers l'émancipation, femme pétrie de colère, certes, mais aussi de culpabilité, condamnée à lutter pour ne pas sombrer. Un roman tragique et amer d'une impossible renaissance...
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