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Critique de Lesphalampins


« Silencieuses », les aventures indésirées et subies de huit femmes, qui nous prouvent l'importance de parler, de dénoncer.

Cette BD a pour auteure Salomé Joly et pour dessinatrice Sibylline-Meynet.
Anaïs, Mahé, Zoé, Julie, Lana, Agathe, Marion et Solène. Voici les noms des huit jeunes femmes dépeintes dans cette œuvre. Ces huit jeunes personnes ont toutes des différences; que ce soit d'ordre physique, de vocations professionnels ou encore de centres d'intérêt. Pourtant, ces jeunes femmes ont le point commun d'avoir fait l'expérience du harcèlement de rue, ou bien de situations qui s'en approchent fortement. Dans cette BD, ces huit personnages féminins au profils différents vont devoir apprendre à dénoncer ce qu'elle subissent quotidiennement, ne pas avoir peur d'en faire part, ne pas en avoir honte, ne pas prendre ces situations comme le lot quotidien de toutes femmes.

J'ai aimé tous les aspects de cette BD, du propos dénoncé à la manière dont les personnages sont reliés et l'esthétique de l'univers mis en place, tout m'a énormément plu.
Commençons par l'esthétique de l’œuvre dont les couleurs sobres mais marquées apportent un véritable style à l'histoire, et donne une ambiance bien encrée à cet univers.
Pour donner un exemple de l'intelligence de l'utilisation des couleurs, je pourrais parler du traitement du rouge, utilisé pour décrire le danger. Dès que les tons deviennent rouges ou rosés, cela veut dire que nous sommes en train de constater que la jeune femme sur laquelle l’histoire se concentre au moment-même, vit la situation qu’elle aura à dénoncer plus tard, à sa manière.

Continuons d’ailleurs sur cet aspect-ci du livre : la transition des personnages. J’ai trouvé très agréable la manière dont chacun des profils des femmes sont amenés : l’une est mentionnée de manière toujours différente, vers la fin de l’histoire d’une autre (ce qui veut dire qu’elles se connaissent), et celle mentionnée sera la suivante dont on pourra suivre l’aventure. En plus de la fluidité que ces transitions apportent à l’œuvre, j’ai aimé le fait qu’elles amènent cette couche de lecture implicite, qui porte un message profond et dur lorsqu’on y réfléchi : toutes les femmes que nous connaissons, de près ou de loin, a eu a subir au moins une fois le harcèlement de rue. Cependant, ce système transitif est abandonné quand on passe de Julie à Lana et de Lana à Agathe, pour être finalement repris quand on passe de Agathe à Marion. C’est là la seule chose que j’ai trouver dommage, car cela laisse Lana comme « seule » au milieu de ces filles, et que cela provoque une coupure assez illogique dans le système de narration.

Finissons à présent sur l’aspect le plus important de cette œuvre littéraire : l’information et le message qu’elle apporte. Si je devais décrire cette BD en un mot, je dirais qu’elle peut être utile ; utile à toutes les femmes ou personnes à qui les situations décrites sont arrivés, et qui n’ont pas su comment réagir, pas su comment en parler, gardant un sentiment de peur ou de honte. Utile également à toutes les personnes à qui une situation similaire n’est jamais arrivée (la gente masculine étant la plus chanceuse), et qui ne sont donc pas vraiment informées sur le ressenti que peuvent avoir les gens qui subissent ceci quotidiennement. Car il est dur de comprendre et de compatir lorsqu’on n’en a pas fait l’expérience. Il est dur d’apprendre à se poser dans un statut de victime lorsqu’on à honte ou lorsqu’on est porté fautif. Et il est tout particulièrement dur de dénoncer ces situations comme quelque chose d’anormal, quand celles ci se passent tous les jours, partout dans le monde pour presque tout le monde.
Le harcèlement de rue est rentré dans le quotidien des femmes, ce qui fait que certaines d’entre elles ne cherchent même plus à parler de cela comme quelque chose qu’elles n’auraient pas à subir, parce qu’après tout, qu’est-ce qu’on peut y faire ?
Ce livre confirme et apprend qu’il nous restera toujours le droit de parler et de dénoncer, le droit de dire que nous ne sommes pas d’accord et que ce n’est en aucun cas de notre faute.
Je recommande cette œuvre car elle est bien écrite, car sa narration est agréable, car les personnages sont touchants et que son esthétique est réfléchie et originale.
Mais surtout, je recommande cette œuvre à toutes celles et ceux qui n’ont pas réussi à parler, et à toutes celles et ceux qui n’ont pas réussi à comprendre, lorsqu’on a tenté de leur parler.
Coline Laget, seconde 13.
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