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Critique de LoupAlunettes


Toi+moi+tous les autres, théoriquement, cela peut donner dans la fiction quelque chose d'intéressant, de vivant, de gratifiant d'apprendre des autres, d'être dans l'échange de culture.

C'est le pari du centre culturel "le Repère 17", un lieu ressource artistique, d'échanges de services. Cela pourrait s'inspirer d'une MJC, c'est aussi très proche d'une Maison des Associations, mais ici, les lycéens ne viennent pas seulement s'y poser, s'y vautrer sur un canapé, ils vont passer leur temps à s'activer, à se trouver peut être dans une discipline insoupçonnée.
Ils vont aussi tout de même s'éclater, entre copains.
Un lieu de liens où chacun se tente gracieusement à une expérience artistique en échange d'un partage du même ordre.
Repère 17 sera la scène principale du livre.
Les protagonistes seront le vieux gérant Angelmann en "chef d'orchestre" de l'aventure et la petite troupe de lycéens imaginée par Sylvaine Jaoui en "musiciens" un peu désaccordés, joliment indécis.
Certains se connaissent, d'autres font connaissances, très tôt des amitiés et inimitiés feront le sel du tome.

Le Toi, c'est Léo, un esprit de feu qui n'a pas sa langue dans sa poche, un joyeux tagueur qui dit ce qu'il pense, oppose fièrement son opinion, donne l'air d'avoir l'acte réflexe prompt à défendre.
Comment ne pas craquer sur cette cool allure, ces cheveux bouclés et fondre devant ce sourire mutin?
Le Moi, c'est Thelma, celle qui raconte.
Pétillante, sympa, ronchon, entière, elle craque pour Léo comme une collégienne.

Les autres. Il y a Lucie, sa best friend fille, aux doigts de fée doués en couture qui se paie pour le centre la charge de ces coquins de petits frangins jumeaux qui ont fait semblants d'être malades pour manquer l'école et ne finiront pas de ne pas en manquer une.

Et puis, il y a Sixtine, cheveux relevés impeccables, maintien impeccable, madame j'ai tout vu. Sa rivale. Hautaine, sexy à dégoûter les Thelma du monde entier, petite séductrice fine et déloyale.
Elle aussi trouve Léo à son goût.
Mais Sixtine a d'autres facettes. Elle n'est pas celle que l'on croit, cette jolie mytho.

Les lecteurs prendront le temps de découvrir le reste de la troupe, toute présentée en début de roman par un marrant trombinoscope dont les "photos" illustrés reviendront souvent dans le récit.

Ce roman n'est pas un journal intime à proprement parlé même cela y ressemblerait, si nous reconnaissons les éléments illustrés du genre ( pages de cahier figurées, petites notes gribouillées..). Ces parenthèses impromptues et illustrées, qui apparaissent sous des formes originales et diverses ( recette de cuisine ou copie-écran de Wikipedia ou de tchat également..), sont des échanges indirects vers les lecteurs, des bouts de conversations posés là entre les héros, qui se permettent des apartés sur le sujet abordé du chapitre.
Il y aura le "Ah tiens au fait, j'ai entendu parlé de ce sujet" ou bien les lecteurs trouveront-ils Thelma posant des questions sous formes de test de revue féminine à choix multiples.

Il y a un rythme très dynamique qui est donné, de l'ordre de la conversation entre très bons copains, de grandes pages de dialogues qui restituent d'amusants papotages entre le groupe qui s'interroge sur l'activité artistique qu'ils vont entamer au Repère 17 et s'interroge encore plus sur la monnaie d'échange en retour de l'apprentissage.
Quel talent à partager avec les autres?
L'aventure finale sera révélatrice pour tous.

Le roman prend beaucoup de temps à nous les faire découvrir, nous les faire aimer, avec leurs qualités et leurs failles qui émaillent du projet théâtre décidé en collectif.
Sylvaine Jaoui nous place dans une relation extrêmement complices avec ses personnages.
Tout en préparant les décors de la pièce, en songeant au synopsis, ça papote.
Ils nous confient ce qu'ils lisent, ce qu'ils aiment déguster, ce qu'ils ont vu et découvert de nouveau en se promenant.
Certains gardent aussi un jardin secret, Lucie ne parle pas de son petit ami à Thelma ( ce qu'elle ne comprend pas, les amies se disent tout).
Angelmann n'a jamais parlé de sa vraie profession de psy, ce qui met Léo mal à l'aise à un point où il insultera nerveusement Esteban et fera éclater sa belle image de type cool.
C'est Angelmann qui a choisi de les grouper ensemble sur cette activité, il est gagé qu'il devait se montrer confiant sur ce qui ressortirait de bon de cette expérience.

Les lecteurs ados ne devraient pas le regretter à s'y plonger, c'est une lecture très fraîche et agréable, les visages des personnages qui interviennent ci et là appuyés d'une bulle pour s'extasier ou pester participent à nous faire pouffer de rire.
A découvrir.
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