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Critique de Crossroads


Si je devais résumer ce Jonquet ? Fastoche : une grosse poignée de Mc Teigue : Vendetta ( le film , pas le triste gland décérébré ) saupoudré d'un zeste de Browning :Freaks et assorti , pour relever le tout , d'une petite pincette d' Hitchcock : le Crime Etait Presque Parfait !
Jonquet fait ici dans la provoc' , le malsain , le glauque mais s'en sort , une fois de plus , haut la main , avec ce Mémoire en Cage à l'éfficacité redoutable !

Fin mélange d'histoire linéaire et d'introspection , l'auteur alterne une histoire particulierement retorse quant à sa construction avec les monologues intérieurs de ses trois principaux acteurs !
A tout seigneur , tout honneur , faites entrer – non pas l'accusé , pas encore - mais Cynthia ( dit la débile ) , enfin poussez-là plutot puisque du haut de ses 15 ans , cette petite infirme moteur cérébrale ne se déplace qu'en fauteuil électrique , la main constamment plaquée sur le joystick ( same player shoot again ) ce qui lui permet , ainsi , de déambuler dans les couloirs de cet institut spécialisé le corps figé , le regard vide et la bave aux levres . Toute ressemblance avec Stallone relèverait du plus pur hasard , enfin je crois...L'avenir de Cynthia ? A part faire carriere au Musée Grévin , je vois pas vraiment...
Ses armes : une détermination de fer – non , pas de blague sur le fauteuil , c'est moche - assortie d'un esprit d'analyse et de synthese largement supérieur à la moyenne ! A noter une facilité déconcertante pour le simulacre .
Chances pour que Cynthia soit l'assassin à la matraque dans la cuisine : 33 % .

Interessons-nous désormais à ce bon Dr Morier – dit l'ordure . Gendre divorcé du Directeur de l'institut , ce dernier semble vouer une haine farouche envers roulette – dit Cynthia . Son attente , que Cynthia – dit le boulet – ait atteint l'age limite afin de la bouter elle et sa prison d'acier hors de l'établissement ! Pourquoi tant de haine me direz-vous ? Parce que...
Ses armes : une lacheté confondante combinée à un dégout notoire et un arrivisme forcené pouvant en faire un nouveau Landru ! Quelqu'un aurait du feu ?
Chances pour que Morier soit l'assassin à la clé anglaise dans le jardin : 33 % .

Le meilleur pour la fin , la creme de la creme en matiere d'équilibre intérieur : Alain Fornat – dit 0 % de matiere grise - jeune éphèbe de 25 ans embauché l'été pour surveiller et soigner les rares résidents encore présents durant les vacances estivales . En véritable gentleman à l'éducation léchée , Alain est ce que l'on appelle , dans le jargon médical , un salopophile . Il ne peut s'empécher de s'imaginer forniquer avec la moindre fille passant à moins de 5 km de son radar personnel . Penser que ce jeune galant ne puisse nourrir de tels projets à l'égard d'handicapés serait une gravissime erreur !
Ses armes , un puit de connerie abyssal assorti d'un tres leger trouble du comportement – si , un peu quand meme – pourraient en faire un dangereux outsider en matiere de criminalité !
Chances pour que Fornat – dit El Lapinos -soit l'assassin au fer à cheval dans la piscine – calme-toi Loana  : 33 % .

Paru en 1982 , ce premier roman détonne autant qu'il dérange !
Prendre le parti de mixer lourd handicap , pédophilie et thriller pour débuter , fallait oser !
Pari relevé sans conteste mais pouvant cependant choquer les ames les plus sensibles .
Une construction machiavélique sans failles qui monte crescendo jusqu'au final éblouissant !
Une fois les protagonistes et leurs sombres aspirations assimilées , le lecteur n'a plus qu'à se délecter de la toile tissée par l'araignée vengeresse . Sur fonds de manipulation , chacun devient tour à tour victime et bourreau et ce , pour notre plus grand plaisir ! Jonquet , fort de son expérience dans le milieu médical , dénonce ces instituts déshumanisants tout en nous rappelant que le handicap , aussi lourd soit-il , n'excluait pas les sentiments...

Mémoire en cage , laissez-vous dompter ! Rrrrrrrr...
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