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Critique de jean-ducreux


J'ai pris un grand plaisir à lire ce troisième tome des ERRANCES D'UN PANTOUFLARD. C'est celui qui rend le mieux compte de l'extraordinaire chemin de vie de son auteur, cet « ado errant et inachevé qui poursuivait ses chimères » : une illustration honnête des expériences extrêmement riches de cet homme protée, noble, don-quichottesque même : juriste, junkie, chevrier, fermier, psy, chanteur, parolier, dramaturge, comédien, metteur en scène, écrivain et j'en passe. Jouteur jongle avec les métiers comme tout un chacun change de chemise.
Les trois volumes d'Errances sont une sorte de SUR LA ROUTE à la française, qui représentent un témoignage fabuleux sur l'insouciance des trente dernières années du vingtième siècle en France, avec une autodérision salutaire. Johann, le héros errant autobiographe, est amoureux de la vie et de l'amour - qu'il soit lui-même amant trompeur ou cocu pathétique, père rendu célibataire, mauvais fils rédimé par un père bienveillant (qu'il le veuille ou non). Généreux, Johann donne de soi sans calculs et sans compter. le pantouflard d'ERRANCES III est un motard caméléon, qui chute parfois là où ça fait mal. Il fascine, attelé qu'il est à la poursuite frénétique d'une chimère dominante nommée Dominique, femme fatale - pour elle-même comme pour lui – à qui rien ni personne ne résiste, tant elle ment et séduit, telle une mante païenne qui retourne la tête de ses victimes fascinées et consentantes.
Johann lutte aussi contre les démons de ses drogues et il affronte ses addictions. Cela donne un récit particulièrement poignant, qui prend aux tripes. Jouteur écrit dans un style le plus souvent lapidaire, assorti d'envolées lyriques qui constituent une rupture de ton toujours bienvenue. La structure du roman est ambitieuse, avec des allers-retours fréquents dans le temps, et fonctionne à merveille pour maintenir notre intérêt dans les méandres de son existence. Cet homme-là en a sous le pied, quand il décrit minutieusement les scènes familiales de Noël ou quand il décoche l'un de ces aphorismes et de ces leçons de vie dont il a le secret : « Ceux qui n'ont pas la chance d'être soutenus résistent comme ils peuvent, mais quand les appels deviennent des ordres, ils finissent par céder. »
Au final, cet attachant dadais (qui pleure sèchement et qu'on plaint aux larmes) risque tout car il ne connaît pas ses limites. S'il en avait conscience, il aurait fait toute sa carrière à Manufrance et – grâce à son énergie irrésistible - la Manu n'aurait peut-être jamais connu le naufrage. Je galèje, en utilisant une des péripéties de ce beau texte. Qui lira me comprendra.
Jouteur, vous êtes un personnage de roman, vous êtes né comme ça. La vie fertile de Johann méritait bien trois livres. Chapeau, maestro !







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