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Critique de ithaque


David Joy aime les sujets de poids. Pour lui faire ouvrir sa trousse ou son IPad il faut au minimum 7000 hectares de forêt qui crament ou un cou gracile lesté d'une seringue, il est comme ça David.
De fait, on a du copieux : à ma droite, l'addiction aux opioïdes , souvent créée par le système de santé américain et entretenue par la misère; à ma gauche, les descendants des Cherokees , zombies d'une civilisation anéantie et qui doit se parodier pour survivre.


Que du noir, on y va pour ça d'ailleurs chez David Joy, pas de coupure-pub avec des dentistes bi-fluorés en blouse blanche ou le dernier SUV à 2dollars 6 cents, non, tu vas t'embourber dans le sombre pendant 340 pages et réjouis-toi si 'il te concède une bouée sur le coin de la joue juste avant les derniers borborygmes.


Dans ces contrées des Appalaches où la misère se goinfre dans une replète autarcie, les vies tournent en boucle sur elles-mêmes sans jamais trouver la touche escape.

Ray, père d''un toxico, rumine son impuissance à le sauver; il ne lui restera que la vengeance pour assouvir une colère à la mesure de son besoin de rédemption .

Ceci dit certaines questions joyennes ne nécessitent pas d'habiter les Appalaches pour s'y frire le cerveau : dans quelle mesure est-on responsable du mal-être de ses enfants; jusqu'à quel âge et jusqu'où faut il aller pour leur sauver la peau; cela est-il simplement possible ? Plus d'amour ? Moins de compromis ? Bonne chance Armance.
.

Bon, un titre qui ne m'aura malgré tout pas entièrement mis le feu à la baraque d'un point de vue émotionnel, car les caractères m'ont semblé esquissés à trop grands traits pour s'en imprégner totalement. Des êtres absents à eux-mêmes , ils se sont désertés et il n'est pas facile de coller au fil d'une personnalité à travers ses lambeaux. C'est peut-être le risque d'un récit constitué de bras cassés qui ont lâché la rampe depuis bien longtemps.

En tout cas Joy est un bon auteur car la tension chez le lecteur monte plus vite que la violence réelle. On a rarement eu autant hâte de sortir d'un mobile-home.

Merci à babelio et aux éditions Sonatine pour cet arc-en-ciel du gris au noir qui fait paraître bien riante la petite brume bretonne.
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