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Critique de PamRamos


Sebastian Junger est un auteur et reporter américain, ancien combattant, attaché à observer et comprendre l'attitude des hommes en groupe lors de situations extrêmes (vie tribale "classique" des sociétés amérindiennes par exemple, mais aussi catastrophes naturelles ou minières, guerres et conflits armés - spécifiquement celle de Sarajevo à laquelle il a pu participer comme journaliste indépendant, ou le cas de Londres bombardée pendant la Seconde Guerre Mondiale). Il est également l'auteur de 𝑃𝑒𝑟𝑓𝑒𝑐𝑡 𝑆𝑡𝑜𝑟𝑚, adapté au cinéma par Petersen, qui narre les dernières heures d'un équipage occupé à survivre à la plus grande tempête maritime du siècle, une histoire vraie dont la traduction française vient également de reparaître aux Belles Lettres consécutivement à cet essai.

Mais surtout, Junger scrute sans complaisance, avec de bonnes interrogations le désarroi des guerriers (d'un jour ou de toujours) lors du retour (ou de l'entrée) dans le confort moderne. Et c'est précisément sur ce point, déployé en trois variations rassemblées sous le titre de 𝑇𝑟𝑖𝑏𝑢, que son essai écrit en 2016 vaut la peine d'être lu. le moins qu'on puisse dire, c'est que ses positions pourtant largement étayées sont loin d'être partagées aujourd'hui et susciteront évidemment quelques grincements de dents.
En quoi la civilisation de paix a-t-elle échoué pathétiquement à nous tenir liés ?
Le confort matériel est-il le seul horizon de bonheur qui soit ?
Que se passe-t-il après la fin du film ? le combat, qu'il soit patriote, héroïque ou de pure nécessité de survie est remporté, ou non d'ailleurs, et il faut se confronter à la poursuite d'apparence tranquille d'une existence dépourvue de ses valeurs les plus impressionnantes. le tout, plongé dans une marée humaine indifférente au bien commun depuis des lustres.

Attachée à la figure du guerrier moderne, ce qu'il peut et doit être, sans romantisme (pas trop, du moins, mais difficile d'y échapper complètement), sentant confusément le refus de la violence à toutes les échelles de la vie humaine comme le plus parfait éboulement de chantier général, ne permettant même plus qu'on risque de bons éléments pour partir déterrer les élans salvateurs à peine encore vivants, écroulés sous les pierres d'hypocrisie et de mauvaise foi, je n'ai pu qu'être sensible aux thèses raisonnables et néanmoins vertigineuses de Sebastian Junger.

Non, je ne vous en dirai pas plus, sinon que sur le traumatisme (précisément et décemment nommé pour ceux qui en souffrent réellement), le collectif, la vie urbaine, le développement du petit enfant, le courage et l'autodétermination, vous allez en (ré)apprendre de belles, et que vous aurez des pistes et arguments si vous vous sentez pour l'heure passablement seul dans le bon sens. Arraché à votre tribu.
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