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Critique de BazaR


Cette fois pas de demi-mesure ; je suis complètement emballé.

Il faut dire que la matière s'y prête. le récit de la deuxième guerre punique atteint une période où Hannibal se retrouve face à un adversaire de taille : le dictateur Fabius. Ce dernier va changer de stratégie ; à l'affrontement direct qui s'est révélé désastreux, il privilégie la guerre d'usure : politique de la terre brûlée, attentisme, on laisse les carthaginois s'épuiser tout seul. Fabius combine cela avec un piège en enfermant l'armée d'Hannibal en Campanie, coincée entre mer et montagne.

Mais, et c'est là que ce tome se révèle très bon, le problème est que les soldats romains ont du mal à regarder leurs ennemis piller et brûler sans réagir. Ils sont là pour se battre par Jupiter ! La colère gronde dans les rangs et va finir par être soutenue par le maître de cavalerie de Fabius : Minucius. Fabius a les plus grandes difficultés à maintenir sa discipline, il en vient à douter lui-même. Mihachi Kagano fait magnifiquement transparaître cette ébullition de sentiments.

D'autant qu'Hannibal ne reste pas les bras croisés. Il comprend vite le jeu de son adversaire et y oppose un jeu complexe de déstabilisation du pouvoir de Fabius, en interdisant que les terres de ce dernier ne soient pillées par exemple, et en s'arrangeant pour que l'information arrive aux romains. La rumeur ne tardera pas à provoquer la méfiance envers le dictateur.
Ce qui est fascinant, c'est que je viens de voir exactement la même stratégie mise en oeuvre deux cent ans plus tôt par les Spartiates lors de la guerre du Péloponnèse. Sparte avait envahi l'Attique et la ravageait. Périclès avait confiné la population à Athènes, protégée par ses Longs Murs, et pratiquaient la guerre d'usure. Sparte a appliqué la même tactique qu'Hannibal bien avant lui en épargnant les terres de Périclès et d'autres aristocrates afin de générer la suspicion chez les Athéniens.
Hannibal emploie une autre tactique pour se glisser hors de Campanie, tellement surprenant que j'ai cru au début qu'elle avait été inventée par Kagano. Mais non, j'en ai trouvé la trace ailleurs. Sans dévoiler les détails, cette tactique offre une splendide double page montrant des soldats romains épouvantés devant d'immenses minotaures aux cornes enflammées.

D'une manière générale, le dessin est de plus en plus percutant et gagne en beauté dans les décors naturels. Je continue malgré tout à ne pas apprécier l'abus fait de la goutte de transpiration sur le visage des personnages, censée signifier leur inquiétude ou leurs doutes.

Mais je n'ai pas parlé de Scipion. C'est parce que son heure n'est pas encore venue et que Kagano ne peut pas le montrer en sauveur de Rome à chaque épisode sans trahir l'Histoire.

Un tome que j'ai donc trouvé superbe.
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