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Critique de kuroineko


Avant d'entamer ma critique, je voudrais rendre hommage aux éditions Picquier et au travail remarquable des traducteurs et traductrices qui nous permettent de découvrir toujours plus de titres et d'auteurs merveilleux venus d'Asie.

Le recueil présent de Kajii Motojirô en est un exemple parlant. Cet auteur a vécu entre 1901 et 1932, emporté trop tôt par un des fléaux de cette époque, la tuberculose. Il laisse derrière lui quelques nouvelles que ses amis ont rassemblées et publiées. de cet écrivain est parvenu en France seulement quelques récits ici édités.
A leur lecture, on plonge directement dans un Japon qui s'est ouvert depuis un demi-siècle sur l'Occident. Cela se ressent à travers les diverses références à des artistes européens tels que Jules Laforgue,  le Cyrano d'Edmond Rostand ou encore les pièces musicales de Schubert. Nonobstant ces réminiscences culturelles occidentales, le ton lui-même de ces histoires est tout à fait caractéristique de l'esprit japonais. La contemplation de la nature et toute la symbolique que l'auteur en retire ou y place transmet les émotions et les profondes réflexions des personnages plus que ne le ferait une introspection littérale. Pudeur et non-dits dévoilent les ressentis, les esquissent sans s'appesantir dessus. Cette particularité offre par conséquent des récits d'une grande délicatesse et d'une poésie qui ressort dans le choix des mots et l'élaboration d'une nature omniprésente.

La plupart des nouvelles sont rédigées à la première personne du singulier et toutes ont un rapport avec la maladie qui ronge Kajii Motojirô. Derrière les tableaux naturels, derrière les observations d'un quotidien, on trouve une poignante mélancolie qui confine parfois à une désespérance sidérante. le quotidien en question, qu'il s'agisse de chats facétieux, d'un petit cours d'eau en montagne ou du soleil d'hiver qui décline si rapidement, se colore d'impermanence et d'un caractère rendu d'autant plus éphémère que chaque toux, chaque crachat rougeâtre amenuise les forces du phtisique. Teintée de désespoir, la beauté n'en étreint pas moins avec une force grandiose les personnages.

J'ai découvert grâce au Citron et aux autres nouvelles un univers littéraire d'une poignante beauté. Peu d'actions mais un puits d'émotions qu'il convient de lire entre les lignes. Un recueil que je relirai très certainement avec grand plaisir.
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