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Critique de Bouvy


Bouvy
22 septembre 2019
Sumire est partie dans le nord. Elle suit son amant, un homme aveugle de plus de trente ans son aîné. Il n'est pas le premier venu. C'est un musicien très populaire qui joue d'un instrument à corde traditionnel au Japon. Il joue du shamizen, un instrument à corde. Âgé et non voyant, il se montre comme un amant passionné et insatiable. Des jours durant, sans sortir de leur chambre, les amante se font l'amour avec passion. Kodomari est une petite bourgade du nord, d'où est originaire Shôzan, le maître du shamizen. Quand enfin ils sortent de la chambre, Shôzan rencontre Genji, son ami d'enfance, resté paysan. Genji a fondé d'une famille et est même grand-père maintenant. La tradition fait que sa Belle-fille vit sous son toit et est réduite aux tâches ménagères. Elle est considérée comme une idiote et n'arrête pas de courir sous les ordres de ses beaux-parents. Sumire regarde ça d'un mauvais œil, elle qui cultive l'indépendance féminine. Lors d'une fête de retrouvaille, Shôzan joue de son instrument et la bru se met à chanter avec une étonnante jolie voix. Les gens du nord sont frustres et rustres. La pauvre belle-fille n'a même pas droit à la parole. C'est alors qu'avec la complicité de Sumire, elle tente de s'enfuir en rejoignant son amoureux. Ce dernier est un garçon naïf qui espère un jour devenir l'amant de la belle-fille. Mais elle est rattrapée par ses beaux-parents qui s'excusent alors d'être si durs avec elle. Sumire apprend que la jeune femme répète sa tentative d'évasion une fois l'an. Alors, l'ami de Shôzan et son épouse tentent de se montrer plus prévenant, tant ils ont peur que leur bru quitte leur fils. Pour Sumire, qui s'est absentée de Tokyo et de son travail sans prévenir, il est temps de rentrer et pour Shôzan de poursuivre sa tournée dans le nord. Shôzan promet d'entretenir la belle et ils doivent se revoir à la saison des pluies à Tokyo où un concert est prévu. Sumire retrouve Tokyo et ses collègues de travail. Jirô est le collègue amoureux de Sumire. Il joue aussi du shamizen. Sumire, qui n'a pas été licenciée suite à sa fougue, doit subir la jalousie de ses collègues féminines. Ces dernières lui polluent la vie. Mais il en faut plus pour déstabilisée la belle. Quand enfin arrive le moment où elle peut retrouver son amant, celui-ci meurt dans un accident de voiture. Sumire est effondrée et se donne pour une nuit à Jirô. Ensuite, elle rencontre par hasard une femme mûre, encore belle, qui habite dans une maison de luxe. Elle explique à Sumire qu'elle est la concubine du maître des lieux. Elle souffre d‘un cancer du sein et doit subir l'ablation du sein droit. Elle a peur de ne plus plaire au maître et demande à Sumire de la remplacer et de devenir l'amante du maître tout en conservant son statut de première dame et de maîtresse de maison. Sumire accepte à condition de se faire entretenir par le maître tout en conservant son indépendance et son travail. Mais la première dame, qui a subit son opération, va-t-elle supporter le poids de la jalousie face à la beauté et la jeunesse de Sumire ?...

C'est avec Lady Snowblood et le mangaka Kazuo Kamimura que j'ai découverts le monde du manga. Ce mangaka nous offre toujours des histoires très culturelles, liées souvent à un destin de femme. Ce sont des chroniques sociales qui nous en apprennent beaucoup sur la vie quotidienne qui se déroule au Japon. Ses scénarios sont souvent remarquables, parfois historiques. Son trait est remarquable, tout de noir et de blanc, inspiré de l'estampe japonaise. C'est toujours avec beaucoup d'émotions que je lis ses mangas très sensibles, délicats. Il nous raconte (Lady Snowblood exceptée, et encore) la vie ordinaire de femmes ordinaires qui subissent la société patriarcale et très machiste du Japon. On peut penser que, parti trop tôt, ce mangaka prolixe et son oeuvre pourraient dater un peu mais je trouve que ses créations sont intemporelles. Encore cette fois, en deux tomes, de presque quatre cents pages, il nous conte l'histoire d'une femme qui tente de rester indépendante et qui surtout, a peur de sombrer un jour dans la folie à l'image de sa mère restée fixée sur son amour déçu. Fille-mère, entretenue à distance par un amant qui la négligeait, elle tenta d'élever seule son enfant, Sumire, avant de mettre fin à ses jours quand elle s'est rendue compte que sa fille était devenue femme. Sumire a un caractère fort mais elle est aussi une très jolie femme qui sait intelligemment se servir de ses charmes. Elle n'est pas forcément vénale mais quitte à subir le désir des hommes, autant que ça puisse aussi lui permettre de mener une vie confortable. Elle est pourtant amoureuse, passionnée et souffre souvent de n'être parfois qu'un objet de désir. La pauvre est même victime d'un viol qu'elle gère comme une fatalité. La beauté n'a pas non plus que des avantages. Elle suscite la jalousie, l'envie, la haine parfois. La vie de Sumire n'est pas un long fleuve tranquille. Ce manga est encore une fois un chef-d'oeuvre. Tant par l'illustration que par le texte et le scénario. Il génère beaucoup d'émotions, il touche à la délicatesse et c'est un moment de lecture vraiment passionnant. Lu en format Kindle avec une excellente numérisation.
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