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Critique de JIEMDE


Sortir de ma zone de confort naturelle de lecture est un petit plaisir légèrement masochiste que je m'impose de temps à autres, comme ces jours-ci avec Laura Kasischke et Si un inconnu vous aborde -traduit par Céline Leroy-, qui m'offre la possibilité de poursuivre mon exploration du genre des nouvelles, par la voie exigeante qui plus est. Car lire ce recueil n'est pas simple.

On peut tenter classiquement une lecture rationnelle et là, l'abandon vous guette car Kasischke vous laissera seul et sans aucune aide face à vos incompréhensions de « petit-lecteur-français-qui-n'aime-pas-les-nouvelles », qui tentera en vain de trouver dans « Les prisonniers » ou « Vieil homme disparu : les recherches se poursuivent », une logique qui n'est pas.

Mais on peut -on doit- aussi choisir de se laisser emporter par la découverte d'un autre univers où la poésie, l'imaginaire, l'intuitif se mélangent à un fond d'atmosphère angoissée qui s'impose crescendo, parfois effleuré d'une pointe d'humour ou d'un aphorisme venu d'une autre dimension littéraire, inexplorée pour moi jusque-là.

Ses personnages du quotidien, qu'ils soient femmes ou hommes, enfants, adultes ou vieillards, nous confrontent à nos propres angoisses, à nos propres questionnements, à nos propres mesquineries, à nos propres souvenirs. Son écriture illustrée réussit l'exploit de ne jamais tomber dans l'économie de phrases : la plume glisse, un mot en entraîne un autre, puis un troisième et l'idée alors prend sens. Quand la nouvelle se veut brève, ne pas économiser ses mots relève de l'exploit.

Il reste alors des histoires fortes (« Melody », « La barge », « Si un inconnu… »), un brin inégales mais parlant probablement différemment à chaque lecteur, dont Laura Kasischke ne nous livre que l'atmosphère angoissante, limite claustro, en nous laissant ensuite trouver seuls la sortie, par un prolongement que chacun est libre de projeter ou d'imaginer.

Ai-je aimé cette lecture ? Je ne peux le dire. Mais j'ai assurément aimé lire ce livre.
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