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Critique de fuji


Ce livre est beau en main, la quatrième de couverture m'annonce le récit de la vie de Marie-Antoinette, première infirmière libérale à Lyon.
La construction m'interpelle, chaque chapitre porte le nom d'un organe. du premier la main au dernier l'âme, me fait penser que je vais voyager du tangible à l'impalpable. Concept parfaitement illustré par la photo des "Petits trapézistes" de Roseline Granet en couverture.

"C'est comme ça que tout a commencé, un jour d'octobre 1935. J'avais six ans. En classe, le maître nous avait fait poser la main sur une page blanche, bien à plat, les doigts écartés, étirés comme les branches d'un arbre, les pétales d'une marguerite, une étoile, un soleil, une aile d'oiseau, les nervures d'une feuille de platane – les idées n'avaient pas manqué-, jusqu'au silence imposé. Puis nous avions lentement suivi ses contours avec un crayon, nous appliquant pour passer au plus près de la peau et ne rien laisser échapper de ce drôle d'objet qui n'était autre qu'une parcelle de notre propre corps."
De cet exercice scolaire l'oeil de la petite fille va glisser sur les mains d'une voisine déformées par une polyarthrite rhumatoïde. du haut de ses six ans elle décide de lui prêter ses mains agiles tous les matins pour enfiler ses bas et mettre ses chaussures.
Ainsi naquit "son intérêt pour les autres".
Vingt ans après, elle intègre le service cardiologie d'un hôpital, pour son premier poste d'infirmière.
Mais d'un drame familial, elle tire une force pour gagner son indépendance et exercer "le prendre soin des autres, de tous les autres".
Au fil des chapitres, ce sont les maux du siècle qui défilent : tuberculose, alcoolisme, méningite, avortements, folie et ce fléau du Sida.
Avoir des jambes solides, un coeur bien accroché, la tête froide en toute circonstance et surtout être cette main tendue, le geste et la parole qui rassure, savoir évoluer dans tous les milieux, ne jamais juger, créer du lien.
Car à travers cet inventaire à la Prévert, c'est la notion de lien qui se délite des années 1950 à nos jours, plus de solitude moins d'entre-aide spontanée, celle qui consiste à partager le peu que l'on a. Moins de sourire donc moins de mots, le repliement des personnes âgées.
Cela me fait penser au fait divers de cette dame qui est resté une semaine auprès de son mari mort, sans qu'elle ne s'en aperçoive et sans que personne ne s'en inquiète.
Modification du paysage qui devient urbain.

La grande qualité de ce récit c'est qu'il ne se lit pas il se vit. Car de l'enfant de 6 ans jusqu'à la maturité, la détermination de Marie-Antoinette ne faiblit pas illuminée par son humanité.
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 3 mars 2017
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