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Critique de Octarine008


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Une trilogie que les amateurs de Tolkien ou de fantasy poétique sauront apprécier.

Je voulais découvrir Kay avec sa première série, La Tapisserie de Fionavar, mais après avoir lu le Seigneur des Anneaux, les deux histoires étant liées (Kay a travaillé avec le fils de Tolkien sur les notes du Silmarillon, il a baigné dans la Terre du Milieu et a voulu rendre hommage à Tolkien en écrivant La Tapisserie de Fionavar). L'ayant enfin lu en début d'année, c'était l'occasion, et c'est une belle découverte. Les allusions au monde de Tolkien sont nombreuses, et en tant que lecteur averti, j'ai pris beaucoup de plaisir à faire des parallèles entre les deux oeuvres.

Et c'est assez drôles, car une fois la lecture terminée, je pense que les deux récits ont les mêmes points forts et les mêmes points faibles.

Commençons par les points forts. le worldbuilding. La mythologie. L'histoire est extrêmement riche en légendes (dont une part non négligeable dédiée aux légendes arthuriennes), et en personnages historiques. Tout cela est expliqué par les personnages, mais aussi chanté. Les chants sont donc importants, et participent au devoir de mémoire autant qu'à toute fête digne de ce nom. Tout est tellement développé qu'on peut s'y perdre ou oublier des choses importantes en cours de route. Sauf qu'ici, point d'annexes pour remettre les choses au clair ! Je pense qu'une relecture s'impose pour tout intégrer et tout comprendre.

Le style de Kay est très poétique. Il a parfois réussi à me faire pleurer avec quelques phrases, même courtes, tant c'était beau, tant c'était tragique, tant ses mots étaient porteurs d'espoir. C'est donc une plume à découvrir, et à apprécier en prenant son temps.

Au niveau de l'intrigue, on est sur de la high fantasy très classique : on a d'un côté les héros, de l'autre le grand méchant et sa clique qui menacent le monde. Rien de nouveau, mais c'est bien fait et ça m'a plu.

Et pourtant, je n'étais pas forcément fan de speech de départ, avec des héros qui arrivent de notre monde. J'ai toujours cet a priori, parce que bon, notre monde ne fait pas tellement rêver. Vous voyez un avocat qui change de dimension pour brandir une hache de maitre et partir sauver un autre monde moyenâgeux à cheval ? Et bien moi, ça ne me fait pas rêver (désolée, Dave).

J'en arrive donc aux personnages… le gros hic.
Sur les cinq protagonistes de départ, deux m'ont intéressée, j'ai nommé Paul et Dave. J'ai trouvé leurs parties particulièrement intéressantes et agréables à lire. Quand aux autres, bof. Si j'ai compati avec Jennifer, dès le tome 2, je ne l'appréciais plus du tout, tant elle était distante et froide. Kevin, lui, ne m'a fait ni chaud ni froid, du début à la fin. Quand à Kim… pourquoi ne l'ai-je pas apprécié ? C'est une personnalité agréable, une figure importante, et je dirais même une femme forte, mais je n'ai tout simplement pas accroché avec elle.

Puis Kay a amené et creusé des personnages secondaires, et si certains me semblaient « lointains », émotionnellement  inaccessibles, comme Kim ou Kevin, il y a une bonne partie que j'ai adoré suivre, ou que j'ai adoré détester. Les cavaliers, en particulier, étaient passionnants (plus que les Rohirrims pour moi). Lévon, Torc, Ivor, Géreint… étaient géniaux. de même pour le Guerrier et son bras droit, Jaëlle et Sharrah. Et parmi les personnages que j'ai d'emblée détesté (malgré de nombreuses circonstances atténuantes, que j'ai bien vu passer, mais elles n'ont fait que passer et repartir les pauvres), le destin de certains m'a déchiré le coeur. Je les tolérais tout en les détestant pour leurs actions passées, et pourtant comme ils m'ont fait pleurer à la fin !

Et au final, ce sont des personnages secondaires, pas si présents que cela pourtant, que je retiendrai de cette série : Tabor, Darien et Finn.

Un point qui a son importance pour moi :

parce qu'il s'agit de fantasy, que ça date des années 80, et que seuls les hommes savaient lire à l'époque, toutes les femmes sont plus belles, plus gracieuses, plus royales les unes que les autres. Les hommes eux ont le droit d'être plus communs, même si au final, ils auront tous une fière allure. Heureusement qu'au niveau intellectuel et tactique, ces dames ont le droit de s'exprimer, voire d'agir pour les élues (merci Kim et Jaëlle). Mais passons sur cet aspect de la fantasy qui m'agace terriblement, car l'auteur a quand fait des efforts sur ses personnages féminins.

La différence majeure entre Kay et Tolkien, c'est celle-ci : Kay n'épargne aucun de ses personnages, homme ou femme, adulte ou enfants. C'est d'ailleurs intéressant de constater que les destins des enfants sont les plus cruciaux, les plus décisifs pour l'avenir de Fionavar. On peut le dire, Kay manie à la perfection la tragédie et l'inéluctabilité.

Le tome 1 ne m'avait pas enchantée et j'avais peur de lire la suite. Et heureusement (et nouveau point fort) les tomes montent chacun en puissance par rapport au précédent, le rythme s'accélère, et le sentiment d'imminence avec.

Pour une première oeuvre, le travail de l'auteur est dingue (à noter qu'il y a quelques fautes de typos, je pense, dans la version intégrale française). J'ai hâte de découvrir ses livres suivants, que j'espère tout aussi poétiques (et tragiques).
Un récit « bellement tramé », comme diraient les natifs de Fionavar !
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